dimanche 31 janvier 2010

"In The Air" de Jason Reitman


Auréolé par le succès surprise mais non moins mérité de « Juno » Jason Reitman est devenue la coqueluche du cinéma indépendant aux Etats-Unis. Après ce voyage dans le teen-movie le réalisateur revient avec « In The Air » à un sujet plus proche de son premier film, « Thank you smoking », qui l'avait révélait en 2005 et dans lequel il s'attaquait aux lobbies à travers un très bon film et une critique acerbe du pouvoir de la communication. Dans « In The Air » c'est encore les grandes entreprises qui vont en prendre pour leurs grades avec un scénario construit autour de Ryan Bingham spécialiste dans le licenciement qui parcourt le pays pour virer les employés des entreprises qui ont fait appels à ses services.


Un spitch de base qui s'annonce plus que prometteur et encourageant lorsque l'on sait ce que Jason Reitman avait déjà put créer sur ce type de scénario. Comme dans tout ses films le générique d'introduction est totalement génial et permet l'immersion assez rapide dans l'histoire grâce ici à tout ces plans aériens annonçant bien cette idée de voyage. Ryan Bingham, joué par George Clooney encore une fois irréprochable, est tout aussi rapidement mis en place. Solitaire aimant être constamment sur les routes afin d'avoir le moins d'attache possible et dont le but est d'atteindre un maximum de points fidélités grâce à ses déplacements. Un homme donc qui est à première vu assez insensible et qui semble parfait pour son job. Alors que les années d'expériences dans son domaine semblent le suivre une nouvelle employé de sa boite fraichement sortie d'école de commerce tente de tout révolutionner grâce à des licenciement par vidéo-conférences qui permettrait de diminuer les frais de transports. Opposé à cette nouvelle décision Bingham décide d'emmener la jeune première en voyage pour lui montrer ce à quoi ressemble vraiment son métier.


Avec ce duo de personnage Reitman arrive bien à mettre en opposition deux visions de la vie. D'un côté Ryan Bingham qui fait presque figure de vieil ermite pour qui son métier est un art avec des manières de faire et encore garant d'un ancien monde qui se voulait plein de valeurs morales et de respect sans pour autant hésiter à jeter les gens à la rue. D'un autre côté la jeune Nathalie Keener, symptôme d'un monde décomplexé où tout est rationalisé afin d'être le plus efficaces possible sans pour autant prendre en compte d'éventuels dommages collatéraux. Aucune de ces deux positions n'est défendu par le réalisateur et elles sont même fortement critiqués. On a le choix entre un système qui vous vire mais avec le sourire et un qui vous vire de façon honnête et sûrement plus brutale. Cependant le propos émis par le cinéaste sur notre époque, car « In The Air » est bien un film de la crise, s'arrête là et s'en retrouve très limité. Le film prend souvent la facilité de ne faire qu'enchainer les séquences de licenciement et on se retrouve dans la situations où ne peut même plus s'attacher au licencié dans le sens où l'on ne connait rien d'eux. Il est presque même facile d'adopter le point de vue, plus que controversé, des protagonistes principaux tellement les employés qu'ils ont à virer semble sans histoire et donc insignifiant. En présentant également le personnage de Ryan Bingham comme quelqu'un ronger par sa propre solitude Jason Reitman choisit même presque la solution la plus conventionnelle et en devient presque mielleux. En gros comme il licencie des gens c'est un méchant monsieur donc il est obligé de passer sa vie dans la solitude. Même malgré l'interprétation sans faute de Clonney le personnage peine à avoir de la profondeur et ce n'est pas avec la trame parallèle qui apparaît dans le film concernant le mariage de sa sœur que cela change.


Une fois la première partie du film finis l'idée d'un film sociale ou, pour utiliser un gros mot, contestataire est totalement abandonné pour que « In The Air » prenne la forme d'une comédie romantique. Cette seconde partie du film, loin d'être ennuyante, résume à elle seule à quelle point le film passe à côté de son sujet. Celui-ci devient alors l'archétype de la comédie romantique qui va émouvoir toutes les groupies de Clooney qui ne seront absolument pas choqué par l'absence de fond dans tout le film. Même dans cette exercice rien de bien transcendant n'en ressort. On a le droit au drame romantique de base servis par une belle gueule et qui doit bien faire attention de ne pas trop développer un discours hors-normes sous risque de voir une bonne partie du public disparaître.


Finalement « In The Air » n'est absolument pas le film sur la crise que l'on attendait. Ce n'est même pas un grand film comme il a été annoncé. Il est même assez difficile de comprendre la pluie de nominations aux Oscars et Golden Globe dont bénéficie il bénéficie. Jason Reitman reste bien sûr dans son registre du cinéma américain indépendant qui ne manquera pas de convaincre tout les fans de « Litttle miss sunshine » et compagnie. Même si l'expérience est loin d'être insurmontable on ne peut ressortir de « In the Air » qu'avec une petite pointe de déception car pour le coup le réalisateur n'avait pas grand chose à raconter.



6/10

mercredi 27 janvier 2010

"C'est pas le téléchargement qui tue le cinéma, c'est les 9€" ?


Voila l'intitulé du nouveau groupe facebook à la mode. Le fil d'actualité étant assaillit de commentaires je n'ai pas eu le courage de remonter jusqu'aux origines du groupes pour trouver la date de création mais apparemment c'est dans le mois de janvier qu'il a été créé et on compte déjà plus de 12000 adhérents. Pour une fois un groupe facebook soulève un problème intéressant et est bien plus que le modèle du groupe pour minette pubère en mal de romantisme du type "Tais-toi et embrasse moi" ou encore "Ce sont toujours les meilleurs qui nous manquent le plus".

Bien sûr en voyant le nom de ce rassemblement virtuel mon sang n'a fait qu'un tour et en moins de temps qu'il n'en fallait pour comprendre qu'Uwe Boll est l'un des pires réalisateurs de tout les temps je me suis retrouvé adhérents du groupes. Heureux d'avoir poussé mon cri de révolte contre ces complexes qui nous considèrent comme de simple vaches à laits consommatrices de confiserie je m'empresse de lire les commentaires de mes nouveaux camarades. Hélas, alors que je pensais avoir trouvé un vrai lieu de débat (j'ai peut être était un peu trop optimiste ça reste facebook quand même) je me suis vite rendu compte que en effet ce n'était pas le piratage qui tuait le cinéma mais surtout que c'était encore moins les neufs euros. Paradoxalement ce qui tue le cinéma c'est les adhérents de ce groupe.

Allez hop! Je l'ai dit et on m'accusera encore de snobisme et de remuer le vieux débats grand public vs. public averti. Pour ma défense je tiens à dire que je laisse cette idée loin de moi. Pour moi tout les publics se valent, car par contre je reste persuadé qu'il n'y a différent type de public qui ne tendent pas à se mélanger, mais le vrai problème est la façon de profiter du cinéma.
Tout d'abord il est important de dire que le cinéma ne meurt pas. 2009 a même était une année excellent où le record d'entrée de 1982 a été battu (plus de 200 millions) . Tout au long de l'année de grand succès au box-office sont apparues et comme souvent ce fût des blockbuster. Finalement cela m'a poussé à une petite réflexion.

En partant de l'idée, déjà erroné, que le cinéma est en train de mourir essayons d'en trouver la vrai cause. On critique les 9€ mais en cherchant un peu on se rend vite compte que le prix moyen d'une place de cinéma en France est de 6€ . 3€ de différence c'est quand même pas rien (ça paye la bière après le film). En même temps on voit que les films qui ont le plus était vu sont ceux diffusés principalement dans les multiplexes, si vous n'avez pas percutez les 9€ c'est leur invention.

Comment expliquer cette différence de prix alors entre les statistiques et l'apparentes réalité? Tout simplement parce que il n'y a pas que UGC, gaumont, mk2 et pathé dans la vie. Là où se fait le vrai cinéma c'est dans les salles de proximité animée par des vrais cinéphiles et non des diplômés d'écoles de commerces. Dans ce genre de salle on trouve souvent des tarifs proche des 5€ pour le tarif plein et on peut même se débrouiller pour des abonnement où la place reviendrait à près de 4€ (je sais de quoi je parle je bosse dans une de ces salles). C'est dans ce genre d'endroit que vie le cinéma et non dans des multiplexes plus intéressé à vendre des confiseries qu'à présenter de bons films.

Donc désolé de paraitre un peu moralisateur et même si dans le fond je suis assez d'accord avec certains des propos de ce groupe j'ai quand même envie de dire que c'est pas le piratage qui tue le cinéma ni les 9€. Ce qui tue le cinéma c'est ceux qui pensent que c'est un produit de consommation comme un autre et qui se moque totalement de la façon dont il consomme les films.

On se plaint que le prix d'une place de ciné ait augmenté depuis dix ans mais est ce pour autant que les gens n'y vont plus où cherchent à payer moins chère? Nan, ils y vont même encore plus. Et puis si il y a un cinéma qui meurt c'est celui de l'indépendance. Aujourd'hui la majorité des films français qui sortent ne sont même pas rentabilisé. Pourquoi? Je ne pourrais pas donner la totalité de cette réponse mais à mon avis le fait que les spectateurs se comportent comme des bébés attendant simplement qu'on leur mette directement la cuillère de soupe dans la bouche y est pour quelque chose.

Alors voilà si on veut vraiment faire en sorte de payer moins chère le cinéma peut être faudrait-il envisager d'aller vraiment au cinéma et non pas au parc d'attraction. C'est moins chère, on y voit les même films qu'ailleurs et même encore plus.

Mais ceci reste mon humble avis.

samedi 23 janvier 2010

Nominations César 2010


Voila avec un peu de retard les nominations pour les Césars 2010. La première chose dont on peut se réjouir c'est de voir que l'académie a finalement refusé de faire la connerie l'erreur de faire un César du box-office ou de la meilleur comédie suite à la polémique suscité par l'absence du très mauvais sympathique "bienvenue chez les ch'tis" au palmarès l'an dernier.

Jetons un petit coup d'oeil sur tout cela.



Meilleur film :
A L'ORIGINE de Xavier Giannoli (Surement l'un des plus mauvais film de l'année, pourquoi est il dans cette catégorie? Cela reste un mystère)
LE CONCERT de Radu Mihaileanu
LES HERBES FOLLES de Alain Resnais
LA JOURNEE DE LA JUPE de Jean-Paul Lilienfeld
RAPT de Lucas Belvaux
UN PROPHETE de Jacques Audiard (Si ce film n'a pas le trophée le cinéma français prouvera une nouvelle fois sa médiocrité)
WELCOME de Philippe Lioret



Meilleur réalisateur :
Jacques Audiard pour UN PROPHETE (cf. meilleur film)
Lucas Belvaux pour RAPT
Xavier Giannoli pour A L'ORIGINE (cf. meilleur film)
Philippe Lioret pour WELCOME
Radu Mihaileanu pour LE CONCERT



Meilleur acteur :
Yvan Attal pour RAPT
François Cluzet pour A L'ORIGINE
François Cluzet pour LE DERNIER POUR LA ROUTE
Vincent Lindon pour WELCOME
Tahar Rahim pour UN PROPHETE



Meilleure actrice :
Isabelle Adjani pour LA JOURNEE DE LA JUPE
Dominique Blanc pour L'AUTRE
Sandrine Kiberlain pour MADEMOISELLE CHAMBON
Kristin Scott Thomas pour PARTIR
Audrey Tautou pour COCO AVANT CHANEL



Meilleur acteur dans un second rôle :
Jean-Hugues Anglade pour PERSECUTION
Niels Arestrup pour UN PROPHETE
Joey Starr pour LE BAL DES ACTRICES
Benoît Poelvoorde pour COCO AVANT CHANEL
Michel Vuillermoz pour LE DERNIER POUR LA ROUTE



Meilleure actrice dans un second rôle :
Aure Atika pour MADEMOISELLE CHAMBON
Anne Consigny pour RAPT
Audrey Dana pour WELCOME
Emmanuelle Devos pour A L'ORIGINE
Noémie Lvovsky pour LES BEAUX GOSSES



Meilleur espoir masculin :
Firat Ayverdi dans WELCOME
Adel Bencherif dans UN PROPHETE
Vincent Lacoste dans LES BEAUX GOSSES (Les USA ont leur Michael Cerra, la France a maintenant son Vincent Lacoste qui mérite ce trophée)
Tahar Rahim dans UN PROPHETE (Comme il aura déjà celui de meilleur acteur espérons que il laisseront le meilleur espor pour Vincent Lacoste le jeune pubère des « Beaux Gosses »)
Vincent Rottiers dans JE SUIS HEUREUX QUE MA MERE SOIT VIVANTE



Meilleur espoir féminin :
Pauline Etienne dans QU’UN SEUL TIENNE ET LES AUTRES SUIVRONT
Florence Loiret-Caille dans JE L’AIMAIS
Soko dans A L’ORIGINE (Je réaffirme que le film est l'un des plus mauvais de l'année mais la seule chose qui m'a poussé à ne pas quitter la salle c'était bien Soko qui à elle seule sauve « A L'oirigne ». Elle mérite le trophée malgré le film)
Christa Theret dans LOL (Laughing Out Loud)®
Mélanie Thierry dans LE DERNIER POUR LA ROUTE



Meilleur premier film :
LES BEAUX GOSSES de Riad Sattouf (Riad Sattouf est passé de la BD au grand écran sans aucun problème et reste totalement fidèle à son travail. Il offre enfin à la France un teen movie de qualité qui devrait normalement être félicité par l'académie.)
LE DERNIER POUR LA ROUTE de Philippe Godeau
ESPION(S) de Nicolas Saada (Un premier film intéressant et maitrisé qui hélas n'est pas totalement abouti et laisse une petite déception sur la fin).
LA PREMIERE ETOILE de Lucien Jean-Baptiste
QU'UN SEUL TIENNE ET LES AUTRES SUIVRONT de Léa Fehner



Meilleur scénario original :
Jacques Audiard, Thomas Bidegain, Abdel Raouf Dafri et Nicolas Peufaillit pour UN PROPHETE (« Un Prophète » et puis un point c'est tout)
Xavier Giannoli pour A L'ORIGINE
Jean-Paul Lilienfeld pour LA JOURNEE DE LA JUPE
Philippe Lioret, Emmanuel Courcol et Olivier Adam pour WELCOME
Radu Mihaileanu et Alain-Michel Blanc pour LE CONCERT



Meilleure adaptation :
Stéphane Brizé et Florence Vignon pour MADEMOISELLE CHAMBON
Anne Fontaine et Camille Fontaine pour COCO AVANT CHANEL
Philippe Godeau et Agnès de Sacy pour LE DERNIER POUR LA ROUTE
Laurent Tirard et Grégoire Vigneron pour LE PETIT NICOLAS
Alex Réval et Laurent Herbiet pour LES HERBES FOLLES



Meilleure musique :
Armand Amar pour LE CONCERT
Alex Beaupain pour NON MA FILLE, TU N'IRAS PAS DANSER
Alexandre Desplat pour UN PROPHETE
Cliff Martinez pour A L'ORIGINE (Disons que c'est la deuxième, et bien la dernière, chose qui a fait en sorte que je ne sorte pas de la salle lors du film, pour la première chose cf. espoir féminin)
Nicola Piovanni pour WELCOME



Meilleur son :
LE CONCERT
WELCOME
A L'ORIGINE
UN PROPHETE
MICMACS A TIRE-LARIGOT



Meilleurs Décors :
UN PROPHETE
MICMACS A TIRE-LARIGOT (Grâce à Jean-Pierre Jeunet « A l'origine » ne récupére pas le titre du film le plus nul de l'année, ce n'est pas un film qu'il aurait du faire mais bien un album photo car ces magnifiques décors sont complétement dévalorisé lorsque les images s'animent et que le son s'active)
OSS 117 : RIO NE REPOND PLUS
A L'ORIGINE
COCO AVANT CHANEL



Meilleurs costumes :
COCO CHANEL & IGOR STRAVINSKY
OSS 117 : RIO NE REPOND PLUS
MICMACS A TIRE-LARIGOT
COCO AVANT CHANEL
UN PROPHETE



Meilleure photo :
COCO AVANT CHANEL
WELCOME
UN PROPHETE
LES HERBES FOLLES
A L'ORIGINE



Meilleur montage :
A L'ORIGINE
LES HERBES FOLLES
WELCOME
LE CONCERT
UN PROPHETE



Meilleur film étranger :
AVATAR de James Cameron
GRAN TORINO de Clint Eastwood
HARVEY MILK de Gus Van Sant
J'AI TUE MA MERE de Xavier Dolan (Au risque de paraître trop francophones ce film reste pour moi le meilleur film de cette sélection qui en plus a été réalisé par un jeune prodige de 20 ans)
PANIQUE AU VILLAGE de Stéphane Aubier et Vincent Patar
LE RUBAN BLANC de Michael Haneke
SLUMDOG MILLIONAIRE de Danny Boyle



Meilleur film documentaire :
L'ENFER DE HENRI-GEORGES CLOUZOT de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea
LA DANSE, LE BALLET DE L'OPERA DE PARIS de Frédérick Wiseman
HIMALAYA, LE CHEMIN DU CIEL de Marianne Chaud
HOME de Yann-Arthus Bertrand
NE ME LIBEREZ PAS JE M'EN CHARGE de Fabienne Godet



Meilleur court métrage :
C'EST GRATUIT POUR LES FILLES de Claire Burger et Marie Anachoukeli
DONDE ESTA KIM BASINGER ? de Edouard Deluc
LA RAISON DE L'AUTRE de Foued Mansour
SEANCE FAMILIALE de Cheng-Chui Kuo
LES WILLIAMS de Alban Mench

"Agora" de Alejandro Amenábar


8 ans après le succès du film « Les autres » Alejandro Amenábar retourne une nouvelle fois vers les États-unis pour produire son nouveau film, « Agora ». Avec les derniers succès en date de péplums tel que « 300 », « Troie » ou encore « Alexandre » le réalisateur espagnol aurait put rapidement tomber dans la facilité de l'infographie se contentant d'une simple reproduction d'époque, il n'en est rien. En plus d'éviter les pièges du péplum à grand spectacle « Agora » se permet également de construire un discours rendant honneur à Hypatie, la philosophe dont la vie a inspiré le film interprété à merveille par Rachel Weisz.

Il est ici bien question d'inspiration et à aucun moment Amenábar ne recherche l'exhaustivité. L'histoire d'Hypatie remonte à si longtemps (415 après JC) que la majorité de ses travaux ont été perdus et sa situation de païennes n'a bien sûr pas encourager les chrétiens à perpétuer son héritage. « Agora » se présente donc comme une fiction et n'est en aucun cas à prendre comme un biopic, genre qui aurait empêché tout le propos du film d'exister. C'est surtout dans la mise en scéne de la chute d'une civilisation, en l'occurrence l'empire romain, et la fin d'une ère qu'« Agora » présente tout son intérêt.

Alors que le christianisme n'est encore qu'une secte juive et que les principaux culte reste païens Hypatie enseigne au sein de la bibliothèque d'Alexandrie la philosophie, au sens premier du terme (la recherche de la sagesse), à ses disciples. Qu'ils soient juifs, chrétiens ou païens tous reçoivent le même enseignement de la part de la philosophe qui leur apprend leur égalité en tant qu'individu. Toutefois l'avènement d'une nouvelle religion va remettre en cause ces travaux et faire naitre de nombreux conflits.

Ce n'est pas avec « Agora » que la religion chrétienne est montré sous son plus beau jour. En prenant le partie pris de la présenter comme une religion encore naissante, de l'ordre de la secte, le réalisateur s'attaque à l'obscurantisme dont à fait preuve la chrétienté au cours de son histoire et l'extrémisme de certains de ses premiers leaders. Le film n'en devient pas pour autant un cliché du manifeste anti-chrétien. Que ce soit le christianisme, le judaïsme ou les religions païennes qui sont décrites chacune est présentée sur un pieds d'égalité. « Agora » n'est pas non plus un film anti-religieux. La scène du premier contact de Davus, l'esclave d'Hypatie joué par Max Minghella, avec les chrétiens montre toute la charité qui découle de cette religion et l'importance de certains de ces principes moraux. Ce n'est pas pour autant que le réalisateur devient mou lorsqu'il montre comment les chrétiens ont détruit sans gêne la bibliothèque d'Alexandrie à cause de ses origines païennes ou encore lorsque ces derniers lapident tout ceux qui ne suivent pas leur préceptes.

C'est l'extrémisme qui est constamment attaqué dans « Agora » et même si la vérité historique n'est pas tout le temps respecté cette critique est faite avec une grande intégrité intellectuel et une ouverture d'esprit qui fait aujourd'hui défaut aux principaux dignitaires religieux.

En portant une attention particulière à tous ce discours philosophique Alejandro Amenábar n'en délaisse pas pour autant toute la dimension grand public de son cinéma et arrive une nouvelle fois à allier réflexion avec divertissement. La qualité de la reconstitution en fait un excellent spectacle qui ne manquera pas de conquérir tout type de spectateur.

Après le thriller (« Tesis »), le fantastique (« Les autres », « Ouvre les yeux ») et le drame (« Mare Adentro ») c'est un à un tout nouveau genre que s'attaque le réalisateur espagnol et il prouve que quelque soit le registre il est toujours aussi à l'aise. Il nous apprend également que le cinéma espagnol est loin, même très loin, de se résumer à celui d'Almodóvar et qu'il existe des talents bien plus grand que ce dernier. Finalement, alors que l'obscurantisme religieux revient au goût du jour, qu'on n'hésite pas à réinterpréter les écrits pour mieux arriver à des fins politiques « Agora » est un film qui fait extrêmement de bien et qui, malgré son époque marqué dans l'antiquité, tient un discours très actuel.


9/10

lundi 18 janvier 2010

Palmarés de la 67éme cérémonie des Golden Globes


Cette nuit se déroulait aux Etats-unis la 67éme cérémonie des Golden Globes récompensant chaque année les meilleurs production dans l'industrie du cinéma mais aussi de la télévision. Souvent considérer comme l'antichambre des Oscars les Golden Globes marquent le début de la saison des récompenses. Petit coup d'oeil sur le palmarès de cette soirée ainsi que mon avis sur les lauréats.






Meilleur film dramatique: "Avatar", de James Cameron.

Nommés : Démineurs (2008)
Inglourious Basterds (2009)
Precious (2009)
In The Air (2009)

Avis : "Avatar" a beau être une révolution dans le cinéma et l'un des meilleurs films de l'année je n'irais pas jusqu'à lui remettre la récompense suprême. "Inglorious Basterds" reste pour moi le meilleur film de l'année. J'attend quand même toujours avec impatience les sorties française de "Precious" et "Up in the air"

Meilleur comédie ou comédie musicale: "Very Bad Trip", de Todd Phillips.

Nommés : 500 Jours Ensemble (2009)
Pas Si Simple (2009)
Julie & Julia (2009)
Nine (2009)

Avis : "Very Bad Trip" a beau être l'une des meilleurs comédies de l'année mon coup de coeur de cette catégorie reste "(500) jours ensemble" qui je trouve comme un peu à être dévalorisé.


Meilleur acteur dans un drame: Jeff Bridges, "Crazy Heart".

Nommés : George Clooney dans In The Air (2009)
Colin Firth dans A Single Man (2009)
Morgan Freeman dans Invictus (2009)
Tobey Maguire dans Brothers (2009)

Avis : On a pas encore eu l'occasion de voir ni "A Single Man", ni "Crazy Heart", ni "Brothers", ni "In the air" donc c'est un peu dur de juger cette récompense pour nous spectateur français mais en tout cas on peut dire que la compétition est serré car Clooney a encore l'air épatant dans "In the air" et Tobey Maguire semble atteindre un niveaux dont on ne l'aurait jamais soupçonné dans "Brothers".

Meilleure actrice dans un drame: Sandra Bullock, "The Blind Side".

Nommées :
Emily Blunt dans Victoria : Les Jeunes Années D’Une Reine (2009)
Helen Mirren dans The Last Station (2009)
Carey Mulligan dans Une éducation (2009)
Gabourey ‘Gabby’ Sidibe dans Precious (2009)

Meilleur réalisateur: James Cameron, "Avatar".

Nommés : Kathryn Bigelow pour Démineurs (2008)
Clint Eastwood pour Invictus (2009)
Jason Reitman pour In The Air (2009/I)
Quentin Tarantino pour Inglourious Basterds (2009)

Avis : Même si son film n'est pas le meilleur de l'année cette récompense reste totalement justifié car avec "Avatar" Cameron en tant que réalisateur crée des choses que personne n'avait créé auparavant et ainsi il se démarque de tout ces autres collégues cette année.

Meilleur acteur dans une comédie ou comédie musicale: Robert Downey Jr., "Sherlock Holmes".

Nommés : Matt Damon pour The Informant ! (2009)
Daniel Day-lewis pour Nine (2009)
Joseph Gordon-levitt for 500 Jours Ensemble (2009)
Michael Stuhlbarg pour A Serious Man (2009)

Meilleure actrice dans une comédie ou comédie musicale: Meryl Streep, "Julie et Julia".

Nommés : Sandra Bullock pour La Proposition (2009)
Marion Cotillard pour Nine (2009)
Julia Roberts pour Duplicity (2009)
Meryl Streep pour Pas Si Simple (2009)


Meilleur acteur dans un second rôle: Christoph Waltz, "Inglourious Basterds".

Nommés : Matt Damon pour Invictus (2009)
Woody Harrelson pour The Messenger (2009)
Christopher Plummer pour The Last Station (2009)
Stanley Tucci pour Lovely Bones (2009)

Avis : Récompense totalement mérité pour Christoph Waltz. Aprés le prix d'interprétation à Cannes ce Golden Globe montre vraiment qu'on est face à un acteur hors du commun.

Meilleure actrice dans un second rôle: Mo'Nique, "Precious".

Nommés : Penelope Cruz pour Nine (2009)
Vera Farmiga pour In The Air (2009)
Anna Kendrick pour In The Air (2009)
Mo’Nique pour Precious (2009)
Julianne Moore pour A Single Man (2009)

Meilleur film en langue étrangère: "Le Ruban Blanc", de Michael Haneke.

Nommés : Étreintes Brisées (2009) de Pedro Almodovar (Espagne)
La Nana (2009) de Sebastián Silva (Chili)
Un Prophète (2009) de Jacques Audiard (France)
Baaria – La Porte Del Vento (2009) de Giuseppe Tornatore (Italie)

Avis : Alors oui le film d'Haneke a eu la palme d'or, oui tout le monde me dit que c'est un chef d'oeuvre et oui cette récompense et peut être mérité mais ma mauvaise foi couplée à mon dégout du cinéma d'Haneke m'ont empéché d'aller voir "Le Ruban Blanc". Et puis de tout façon le meilleur film de cette catégorie c'est "Un prophète un point c'est tout.

Meilleur film d'animation: "Là-Haut".

Nommés : Tempête De Boulettes Géantes (2009)
Coraline (2009)
Fantastic Mr Fox (2009)
La Princesse Et La Grenouille (2009)

Avis :C'est logique que le meilleur film d'animation de l'année remporte le Golden Globe du meilleur film d'animation, nan?

Meilleur scénario: Jason Reitman et Sheldon Turner, "In the Air".

Nommés : District 9 (2009): Neill Blomkamp, Terri Tatchell
Démineurs (2008): Mark Boal
Inglourious Basterds (2009): Quentin Tarantino
Pas Si Simple (2009): Nancy Meyers


Meilleure bande originale: Michael Giacchino, "Là-Haut".

Nommés : The Informant ! (2009): Marvin Hamlisch
Là-haut (2009): Michael Giacchino
Max Et Les Maximonstres (2009): Carter Burwell, Karen Orzolek
Avatar (2009): James Horner
A Single Man (2009): Abel Korzeniowski

Avis: C'est bel et bien Karen Orzolek qui aurait dut remporter cette récompense pour la musique de "Max et lex maximonstres". La bande originale du film sort enfin des sentiers battus du genre et bizarrement on se retrouve très vite à écouter le CD en boucle.

Meilleure chanson originale: "The Weary Kind", thème de "Crazy Heart", écrite par Ryan Bingham et T Bone Burnett.

Nommés : Everybody’S Fine (2009): Paul Mccartney (« (I Want To) Come Home »)
Nine (2009): Maury Yeston (« Cinema Italiano »)
Brothers (2009) (« Winter »)
Avatar (2009) (« I See You »)



TELEVISION:

Meilleure série dramatique: "Mad Men", AMC.

Meilleur acteur dans une série dramatique: Michael C. Hall, "Dexter".

Meilleure actrice dans une série dramatique: Julianna Margulies, "The Good Wife".

Meilleure série comique ou musicale: "Glee", Fox.

Meilleur acteur dans une série musicale ou comique: Alec Baldwin, "30 Rock".

Meilleure actrice dans une série comique ou musicale: Toni Collette, "United States of Tara".

Meilleur téléfilm ou minisérie: "Grey Gardens," HBO.

Meilleure actrice dans un téléfilm ou une minisérie: Drew Barrymore, "Grey Gardens".

Meilleur acteur dans un téléfilm ou une minisérie: Kevin Bacon, "Taking Chance".

Meilleure second rôle féminin dans une série, un téléfilm ou une minisérie: Chloe Sevigny, "Big Love".

Meilleur second rôle masculin dans une série, un téléfilm ou une minisérie: John Lithgow, "Dexter".

Martin Scorcese s'est par ailleurs vu remettre le prix Cecil B. DeMille pour l'ensemble de sa carrière, des mains de Robert De Niro.



Pour la petite info les Golden Globes sont remis chaque année par La Hollywood Foreign Press Association (« Association hollywoodienne de la presse étrangère ») - ou HFPA - qui est une organisation regroupant des journalistes spécialisés dans le cinéma américain mais dépendant de publications étrangères aux États-Unis. Fondée en 1943 par un correspondant du quotidien britannique le Daily Mail, son but premier est la promotion des productions hollywoodiennes (cinéma et télévision) dans le monde entier. Ses membres votent et décident chaque année des nominations et attributions des Golden Globes, récompensant les productions de l'année précédente.

samedi 16 janvier 2010

"Invictus" de Clint Eastwood


Plus rien ne semble arrêter Clint Eastwood. A presque 80 ans il continue encore à enchainer les films à un rythme tel qu'on se dit que le grand père n'a pas encore dit son dernier mot. En plus de tenir cette régularité dans la quantité le réalisateur n'en oublie pas pour autant le qualitatif. Après le succès de « Million Dollar Baby », le diptyque « Mémoire de nos pères »/ « Lettres d'Iwo Jima » et le double coup l'année dernière avec « L'échange » et « Gran Torino » la barre a été mise si haute que l'on devait forcément s'attendre à un moment ou à un autre une retombé.


Et bien ce n'est pas avec « Invictus » que Clint Eastwood lâche prise. On est pas non plus face à un énième chef d'œuvre du maitre mais le film est encore un exemple de ce que l'on peut faire de mieux au cinéma.


Pour jouir au maximum d' « Invictus » il faut se situer en tant que spectateur un brun naïf et ignorant car c'est ses qualités cinématographiques qui en font un grand film et pas du tout sa dimension politique. En effet d'un point de vue historique, intellectuel et politique « Invictus » est assez caricatural, flirtant parfois presque avec la démagogie. On peut retrouver les même petits défauts que pour « Gran Torino », c'est à dire des ficelles un peu trop grosses et des changements d'opinion peut être trop rapide. Pour la fiction cela fonctionnait mais dans « Invictus » il s'agit d'élément historique presque encore d'actualité. Selon le dernier film de Clint Eastwood la fin de l'apartheid en Afrique du Sud serait passé aussi facilement qu'une lettre à la poste et l'unification de la nation sud-africaine ne serait dut qu'à cette coupe du monde de rugby. Sans remettre en cause la valeur symbolique et historique de cet événement on peut légitimement se poser la question de savoir si l'angle d'analyse d'Eastwood est bon par rapport à l'immensité du problème car malgré toute la puissance que peut avoir cette histoire il est dur de croire qu'il n'a fallut que ça pour réconcilier le peuple sud-africain. C'est donc par des chemins un peu courts et une avalanche de bons sentiments que le cinéastes présente cette histoire.

Toutefois, et ça ne manquera pas d'en énerver plusieurs, ça marche. On pourra toujours reprocher à Clint Eastwood d'être réactionnaire et moralisateur, et il l'est sûrement, mais ces films restent tout de même des grands moments de sagesse au discours humanistes. Le propos du film est compris et ne manquera pas de convaincre la majorité des spectateurs en jouant sur les valeurs facile de la tolérance entre les peuples, le pardon et le pacifisme.


On a souvent reproché à Clint Eastwood d'être trop académique mais le fait est qu'on ne peut pas reproché à un homme de 80 ans de ne pas être dans les avants-gardes et surtout quand on voit le résultat de ses films on à envie de demander à ses détracteurs ce qui leur pose problème. « Invictus » est tout simplement le résultat d'une mise en scène maitrisé où le réalisateur sait pertinemment à quel moment il faut utiliser telle ou telle émotion. C'est dans un vrai fable politique que nous entraine le cinéaste en évitant les pièges du biopic mimétique qui se serait contentait d'être un simulacre de la réalité. La question n'est pas de savoir à quel point le retranscription d'Eastwood est fidèle à la réalité mais plutôt comment celui ci s'est approprié l'histoire pour développer son film et propager son discours. « Invictus » réussit également dans le fait de ne pas être simplement un film de sport. Le rugby ici ne sert que de toile de fond à une histoire bien plus émouvante qu'un essai transformé. C'est surtout la façon dont le sport sert de vecteur sociale qui est exploité ici et comment une victoire du genre peut constituer les début d'une identité nationale, qui malgré ce que veulent nous faire croire certains ne se construit pas uniquement sur la couleur de la peau, la langue parlé ou l'éducation reçu.


Malgré cette vision assez simpliste de la fin de l'apartheid en Afrique du sud « Invictus » reste un moment de très grand cinéma qui ne manquera pas de marquer ce début d'année. Pour la énième fois Clint Eastwood montre qu'il est bien un grand réalisateur et tout ce qu'on attend c'est son prochain film.



8/10

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