samedi 16 janvier 2010

"Invictus" de Clint Eastwood


Plus rien ne semble arrêter Clint Eastwood. A presque 80 ans il continue encore à enchainer les films à un rythme tel qu'on se dit que le grand père n'a pas encore dit son dernier mot. En plus de tenir cette régularité dans la quantité le réalisateur n'en oublie pas pour autant le qualitatif. Après le succès de « Million Dollar Baby », le diptyque « Mémoire de nos pères »/ « Lettres d'Iwo Jima » et le double coup l'année dernière avec « L'échange » et « Gran Torino » la barre a été mise si haute que l'on devait forcément s'attendre à un moment ou à un autre une retombé.


Et bien ce n'est pas avec « Invictus » que Clint Eastwood lâche prise. On est pas non plus face à un énième chef d'œuvre du maitre mais le film est encore un exemple de ce que l'on peut faire de mieux au cinéma.


Pour jouir au maximum d' « Invictus » il faut se situer en tant que spectateur un brun naïf et ignorant car c'est ses qualités cinématographiques qui en font un grand film et pas du tout sa dimension politique. En effet d'un point de vue historique, intellectuel et politique « Invictus » est assez caricatural, flirtant parfois presque avec la démagogie. On peut retrouver les même petits défauts que pour « Gran Torino », c'est à dire des ficelles un peu trop grosses et des changements d'opinion peut être trop rapide. Pour la fiction cela fonctionnait mais dans « Invictus » il s'agit d'élément historique presque encore d'actualité. Selon le dernier film de Clint Eastwood la fin de l'apartheid en Afrique du Sud serait passé aussi facilement qu'une lettre à la poste et l'unification de la nation sud-africaine ne serait dut qu'à cette coupe du monde de rugby. Sans remettre en cause la valeur symbolique et historique de cet événement on peut légitimement se poser la question de savoir si l'angle d'analyse d'Eastwood est bon par rapport à l'immensité du problème car malgré toute la puissance que peut avoir cette histoire il est dur de croire qu'il n'a fallut que ça pour réconcilier le peuple sud-africain. C'est donc par des chemins un peu courts et une avalanche de bons sentiments que le cinéastes présente cette histoire.

Toutefois, et ça ne manquera pas d'en énerver plusieurs, ça marche. On pourra toujours reprocher à Clint Eastwood d'être réactionnaire et moralisateur, et il l'est sûrement, mais ces films restent tout de même des grands moments de sagesse au discours humanistes. Le propos du film est compris et ne manquera pas de convaincre la majorité des spectateurs en jouant sur les valeurs facile de la tolérance entre les peuples, le pardon et le pacifisme.


On a souvent reproché à Clint Eastwood d'être trop académique mais le fait est qu'on ne peut pas reproché à un homme de 80 ans de ne pas être dans les avants-gardes et surtout quand on voit le résultat de ses films on à envie de demander à ses détracteurs ce qui leur pose problème. « Invictus » est tout simplement le résultat d'une mise en scène maitrisé où le réalisateur sait pertinemment à quel moment il faut utiliser telle ou telle émotion. C'est dans un vrai fable politique que nous entraine le cinéaste en évitant les pièges du biopic mimétique qui se serait contentait d'être un simulacre de la réalité. La question n'est pas de savoir à quel point le retranscription d'Eastwood est fidèle à la réalité mais plutôt comment celui ci s'est approprié l'histoire pour développer son film et propager son discours. « Invictus » réussit également dans le fait de ne pas être simplement un film de sport. Le rugby ici ne sert que de toile de fond à une histoire bien plus émouvante qu'un essai transformé. C'est surtout la façon dont le sport sert de vecteur sociale qui est exploité ici et comment une victoire du genre peut constituer les début d'une identité nationale, qui malgré ce que veulent nous faire croire certains ne se construit pas uniquement sur la couleur de la peau, la langue parlé ou l'éducation reçu.


Malgré cette vision assez simpliste de la fin de l'apartheid en Afrique du sud « Invictus » reste un moment de très grand cinéma qui ne manquera pas de marquer ce début d'année. Pour la énième fois Clint Eastwood montre qu'il est bien un grand réalisateur et tout ce qu'on attend c'est son prochain film.



8/10

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