samedi 21 novembre 2009

"Away we go" de Sam Mendes


Depuis ses débuts dans le cinéma Sam Mendes nous a, à plusieurs reprises (« American Beauty », « Les Noces Rebelles »), coupé toutes envies de mariage. En analysant les relations de couple il a transformé l'institution du mariage, sacro-sainte institution de nos sociétés, en une chose à éviter si l'on cherche à réaliser ses rêves de jeunesse ou tout simplement s'épanouir. A peine un ans après le magnifique, mais très dur, « Les Noces Rebelles » voici le retour du réalisateur qui montre quelque chose d'inédit dans sa carrière.

C'est un cinéma bien plus positif que nous offre « Away We Go » et qui va à l'encontre de ce que Sam Mendes a eu l'habitude de faire. En suivant ce jeune couple qui part à travers les États-Unis pour trouver le meilleur endroit afin d'élever leur enfant le film développe pour la première fois chez le réalisateur un discours positif sur la vie à deux. Malgré le côté road-movie, pas si prononcé que ça par rapport aux dires de nombreuses personnes, « Away We Go » est avant tout un voyage initiatique où il est question du passage à l'âge adulte et de la prise de ses responsabilités. Le couple formé par Burt (John Krasinski) et Verona (Maya Rudolph) a beau avoir la trentaine et être installé on sent tout de même ce côté juvénile face à leurs nouvelles responsabilités et c'est d'ailleurs quand ils découvrent qu'ils ne bénéficieront pas du soutient de leurs parents qu'ils se lancent dans ce voyage pour se trouver eux même.

Alors oui, Sam Mendes renoue avec le milieu indépendant pour « Away we go ». Oui, c'est ce même milieux qu'il a fait exploser sa carrière grâce à « American Beauty ». Oui, c'est un réalisateur dont les films sont toujours attendu avec impatience. Oui, « Away we go » est un film fort bien sympathique proche du feel-good movie. Mais non, « Away we go » n'est absolument pas un grand Sam Mendes ni même un grand film. Apparemment c'est lorsqu'il faut être négatif que le réalisateur est le plus fort. A travers le voyages des deux protagonistes principaux c'est une succession de différents portraits de couples qui est faite et qui montre ce que sont succeptible de devenir Burt et Verona

Au bout de 15 minutes d'introduction comiques et prenantes « Away we go » vient s'enfermer dans l'anecdotique et s'amuse tout simplement à énumérer des clichés sur différents type de couple : le couples quarantenaire qui n'a plus rien à découvrir, le couple si « peace and love » qu'ils en deviennent des fascistes, le couple divorcé et tant d'autres. En constituant cet espèce de catalogue Sam Mendes fait preuve d'une naïveté qu'on aurait jamais put soupçonnés chez lui. « Away we go » est au final un film plein de bon sentiments à la limite de l'histoire à l'eau de rose.

On comprend bien qu'après la dureté psychologique et physique des « Noces Rebelles » une pause ou un film peut être moins ambitieux été nécessaire pour se poser mais on ne peut que sentir un petit regret, quand on sait la capacité du monsieur à analyser dans les moindres recoins les rapports entre humains, de voir un film aussi niais qui aurait put être fait par n'importe quel autre réalisateur ayant un minimum de talent.

Pour une fois nous ne serons pas marqué, voir traumatisés à jamais par un film de Sam Mendes mais c'est tellement dommage. C'est un choix totalement assumé par le réalisateur d'avoir réalisé une petite sucrerie cinématographique et même si cela reste plaisant on espère tout de même que ce petit moment de relâchement n'est qu'un temps de repos pour nous impressionner à nouveau dans le futur.



6/10





mardi 17 novembre 2009

"The box" de Richard Kelly


Voilà 8 ans qu'on n'avait pas vu un seul film de Richard Kelly sur grand écran. Son premier film « Donnie Darko » n'avait pas conquis les foules dans les salles mais a acquis son statut de film culte avec la sortie DVD. Son second film « Southland Tales » est un échec, et pas dés moindre, avec une projection désastreuse à Cannes, une sortie bâclée au niveau national et principalement du direct-to-DVD à l'international. Le réalisateur ne rentre donc pas dans cette case de « bankable » mais grâce à sa touche personnelle et à la réussite artistique de ses œuvres il posséde un statut à Hollywood lui assurant une certaines suite pour sa carrière.

Avec « The Box » Richard Kelly tente de revenir s'imposer dans les salles et de présenter une nouvelle fois un cinéma conçut pour le divertissement avec une énorme réflexion. En adaptant la nouvelle littéraire « Button, Button » de Richard Matheson le jeune cinéaste (à peine 34 ans) démontre encore qu'il est un expert en la matière pour nous torturer le cerveau. Tout comme le texte original le film se situe à la fin des années 70 où une famille de banlieue américaine reçoit un étrange paquet contenant à l'intérieur une sorte d'interrupteur. Le lendemain ils reçoivent la visite d'un étrange homme qui leur propose (impose?) le contrat suivant : ils ont 24 heures pour appuyer sur l'interrupteur contre quoi ils recevront un millions de dollars mais une personne qu'ils ne connaissent pas décédera quelque part dans le monde.

Malgré la reconnaissance de Richard Kelly et l'énorme potentiel cinématographique de « Button, Button » « The Box » a été tout aussi compliqué à réaliser que ses précédents films et on n'est pas passé loin de ne jamais voir le film sur écran. Voilà quatre ans que rien de nouveau n'était venus de Richard Kelly et quatre ans d'attentes pour l'un des réalisateur les plus excitant de sa génération c'est extrêmement long. La sortie de « The Box » constitue donc un soulagement : soulagement parce que on pouvait craindre que la carrière du jeune cinéaste ne soit trop vite arrêté suite à cette énorme trou financier que fût « Southland Tales » et soulagement de voir que malgré cela Richard Kelly est en grande forme et réalise avec « The Box » un coup de maitre en défonçant encore plus les grandes portes d'Hollywood pour y faire une entrée triomphante. Toutefois on sent bien que ce n'est pas le même réalisateur auquel on a eu affaire dans le passé mais bien quelqu'un qui reste marqué par un échec et qui en retient les leçons. Tout d'abord celui qui était attendu comme le nouveau roi de l'indépendant au USA prend tout le monde à contre pied en décidant de produire son film chez la Warner Bros et « The Box » constitue sûrement le film le moins incompréhensible, et donc le plus abordable et rentable, film de Richard Kelly.

La plus grande particularité du cinéma de Richard Kelly et d'atteindre des sommets de complexité avec les histoires les plus simples. « Donnie Darko » partait dans une épopée spatio-temporelle sur la base d'un jeune garçon schizophrène, « Southland Tales » commençait sur la troisième guerre mondiale pour finir sur l'apocalypse. Bref, aucun de ses films n'est totalement compréhensible à la première vision et c'est à la foi ce qui fait tout le charme du film et tout son handicap. Bien que le cinéma de Kelly soit un cinéma de qualité, son style est tellement à part et peut être trop fondé sur de la -presque- masturbation intellectuel ce qui a pour effet de faire fuir ceux qui veulent simplement se divertir. Dans « The Box » Richard Kelly a bien conscience qu'il a de nouvelle responsabilité avec ses nouveaux patrons et semble avoir été enclin à plus de concession mais ce n'est pas pour autant qu'il en ressort un film consensuel. Encore une fois Kelly ne se gêne pour n'en faire qu'à sa tête et rapidement « The Box », présenté comme un thriller psychologique des plus banales par la pub, se transforme en un mélange de genre entre le thriller, la science-fiction, le polar et le film d'angoisse. A partir de ce simple bouton et du simple geste d'appuyer dessus le réalisateur, et aussi scénariste de son film, arrive à développer tout une réflexion sur la condition humaine et illustre à merveille la pensée de Sartre « l'enfer c'est les autres ». Finalement c'est souvent le thème qui revient dans l'œuvre du cinéaste, l'être humain responsable de sa propre destruction et de sa propre perte. Dans « The Box » cette idée se ressent grâce à la pression exercé sur le couple à travers le regard de leur entourage mais en même temps le pouvoir qu'ils ont grâce à la boîte font d'eux des bourreaux pouvant faire vivre l'enfer à d'autres.

En plus de partir vraiment très loin dans ces propos Richard Kelly s'amuse à ne dévoiler presque rien de l'histoire laissant au spectateur le soin d'établir lui même ses hypothèses, conclusions et interprétations. « The Box » est donc à voir plusieurs fois pour totalement cerner l'histoire et en découvrir tout les secrets. N'espérez pas non plus un jour trouver la vérité sur ce film car Richard Kelly laisse tellement de pistes différentes qu'une multiplicité d'explication sont possible et impossible de définir laquelle et la bonne.

Qui a créé cette boîte? Dans quel but? Qui l'utilise? Pourquoi ce sont eux qui l'ont reçut et pas d'autres? Toute ces questions mettront un bon bout de temps à trouver leur réponse même si on arrive chacun à se faire une petite idée. En tout cas Richard Kelly réussit à nouveaux à montrer qu'il est un grand auteur et que même si son cinéma ne plait pas à tout le monde et peut en effet se perdre dans un surplus d'intellectualisme il n'en reste pas moins un spectacle d'une intelligence supérieur aux format traditionnelle du cinéma américain.


7/10

vendredi 6 novembre 2009

"D'une seule voix" de Xavier de Lauzanne


Au départ conçut pour une exploitation TV le documentaire « D'une seule voix » a ironiquement eu la chance de s'être fait refuser par toute les chaines que l'équipe du film a démarché. Souvent cela signe pour un documentaire sa mort définitif mais c'est le festival du FIGRA du Touquet qui offre une nouvelle vie au film de Xavier de Lauzanne. En ayant remporté le prix « autrement vu » à ce festival c'est une toute nouvelle vie que se voit offrir le film qui grâce à ce tremplin connait une sortie nationale.

Avec « D'une seule voix » c'est à la tournée musicale du même nom que s'intéresse le réalisateur. En mai 2006 le producteur français Jean-Yves Labat de Rossi organise une tournée avec différentes compagnie musicales israéliennes et palestiniennes rassemblées sur la même scène chaque soir à travers toute la France. Le documentaire de Xavier De Lauzanne constitue un témoignage à vif et au cœur de la tournée.

Que les choses soient tout de suite mises au point, le film de Xavier de Lauzanne n'a d'intérêt que son message et le témoignage qu'il transmet. Pour la réalisation du film seul le réalisateur était présent sur les lieux et donc il ne pouvait pas être partout à la fois. De plus, le film au départ prévu pour la télévision montre bien les difficultés de diffuser de la réalisation TV sur grand écran, même si ici le transition se fait assez bien. Ce manque de moyen, en quelque sorte volontaire, se voit bien par le fait que « D'une seule voix » semble toujours lorgné vers le film amateur ou celui qu'on a dans les bonus lorsqu'on achète le DVD de la tournée d'un artiste. Ce bémol se voit compensé par la force du message et l'intimité dans laquelle nous plonge le documentaire. Aujourd'hui, l'organisation de concerts pour la paix, pour le climat, pour l'Afrique , pour le sida etc... est un peu monnaie courante et on se demande bien à quoi peut encore servir un documentaire dessus tellement ce genre d'image semble banale. Toutefois, Xavier de Lauzanne a parfaitement choisit son angle d'analyse et les endroits où poser sa caméra car au final on est bien loin du documentaire musical auquel on pouvait s'attendre. « D'une seule voix » est surtout le souvenir d'une rencontre entre des personnes qui en temps normal n'auraient jamais put se parler et ne se seraient jamais connus. La tournée ne sert donc que de toile de fond et si un tournoi de sport avait plutôt était organisé le résultat aurait été le même. Bien sûr l'aspect musical donne un rythme au film avec des extraits de concerts, sûrement bien plus intéressants que des extraits de matchs de foot, mais c'est surtout en backstage que la caméra va se poser et c'est un documentaire sur des gens qui font de la musique ensemble et non sur une tournée musicale, grande nuance!

Le propos du film tient une ligne directrice stable et on sent bien les effets que cette tournée provoque chez les gens qui y participent. On est vraiment ému, ce qui est assez rare devant des documentaires, face à des scènes de groupes où chacun oublie ses origines et se retrouvent pour des vrais moments de vie commune. La seule chose un peu énervant dans le propos du film est de vouloir en faire quelque chose d'« apolitique » et d'essayer d'esquiver toute ces questions pour la sois disant « beauté de la rencontre humaine ». Toutefois la question est tellement politique que vouloir occulté cela empêche d'aborder de nombreux sujets. Même si l'organisateur s'en défend l'intention de cette tournée est hautement politique et symbolique. Le film ne tombe tout de même jamais dans une certaines naïveté ou démagogie qui dirait que ce genre d'actions se suffit à elle même pour réaliser la paix.

« D'une seule voix » constitue un film d'éducation à la paix très riche et quand on voit toutes les institutions qui le reprennent on se dit que sa mission est accomplit. Voir ce film au cinéma rassure pour la diversité de nos salles mais c'est surtout dans les réseaux éducatifs que le film doit faire sa carrière.


6,5/10

mercredi 4 novembre 2009

Sortie du 4 novembre 2009



Après plusieurs semaines désastreuses voilà que le calendrier des distributeurs permet enfin d'avoir des films intéressant au cinéma. Le tout est d'espérer que ce ne soit pas le coup d'une fois et que la tendance se confirmera dans les semaines à venir.

Cette semaine est surtout marquée par le grand retour de Richard Kelly sur les grands écrans. Réalisateur prodige de "Donnie Darko" son dernier film "Southland Tales" avait était un bid commercial aux Etats-unis et n'avait connu en France qu'une sortie DVD. Avec "The Box" celui qui s'annonce comme l'un des réalisateurs les plus prometteurs de sa génération revient en force et signe un thriller qui semble être à la hauteur de sa réputation. L'expérience "Southland Tales" l'a surement forcé à faire quelques compromis mais "The Box" est sans aucun doute le film de la semaine.

Un autre grand réalisateur revient aussi sur les écrans cette semaine. C'est Sam Mendes avec "Away we go". Après nous avoir tous dégoutés du mariage ou de la vie de couple dans "American Beauty" et "Les noces rebelles" le réalisateur livre un film à contre-pied de son oeuvre. On peut même dire qu'il s'agit d'un feel-good movie ou pour une fois la vie de couple n'est pas détruite.

Le cinéma français est aussi à l'honneur cette semaine avec la sortie du nouveau Alain Resnais "Les herbes folles". Primé à Cannes avec une récompense exceptionnel le film correspond totalement à ce qu'on peut s'attendre de Resnais ou de ce cinéma français mais que ça nous plaise ou non on ne peut que reconnaitre sa qualité.

C'est aussi avec "Le concert" que notre cinéma sera présent sur les écrans cette semaine. Réalisé par Radu Mihaileanu, à qui l'on doit "Va vis et deviens", le film nous donne le plaisir de voir à nouveau Mélanie Laurent sur les écrans et promet une histoire plus comique que ce que l'on peut croire.

Petite rigolade de la semaine c'est "Saw 6". Malgré l'impatience de tous de voir arriver ce film pour le plaisir d'avoir un nom à l'odeur de barbecue on sent bien que le film est à éviter et que au plus l'on avance au plus on oublie que cette saga avait tout de même commencé avec l'un des films d'horreur les plus inventif de cette décennie.

Entretien avec Brice Fournier

Suite à ma critique du film "A l'origine" j'ai eu la chance de pouvoir échanger quelques mails avec l'un des acteurs du film, Brice Fournier.
J'ai conscience que ma critique dessert totalement le film et que je n'ai pas hésité à taper fort. Toutefois, il est important d'accorder un droit de réponse aux personnes impliqués dans les projet pour permettre un vision plus globale et intelligentes du sujet. Cette article n'est absolument pas là pour contredire ma pensée car mon avis reste le même sur "A l'origine" mais il serait mal-honnête de ma part de faire croire que c'est le seul avis que l'on peut avoir dessus.

Voici donc l'échange par mail que j'ai eu avec Brice Fournier qui constitue une sorte de droit de réponse et que je publie avec l'autorisation du concerné.





Brice Fournier
J'ai lu votre critique d'A l'origine' sur Bad-Files- On a le droit de penser ce que l'on pense, bien sur, mais avec votre commentaire sur Giannoli et la banderole du PSG, vous semblez passer à côté des multiples amitiés et échanges fraternelles qu'il y a eu entre l'équipe du film et les gens du nord. Je le sais, j'y étais. Je crois qu'à trop vouloir faire d'effets de plume, vous vous enfermez dans un cliché qui renvoi une image opposée à la réalité. Les gens du Nord sont formidables; et pas une personne de l'équipe du film ne vous dira le contraire. Giannoli a aimé ces gens de tout son cœur et a essayé de leur rendre hommage. D'ailleurs, ce qui finira par prendre Philippe Miller au piège (F. Cluzet dans le film) est finalement qu'il s'attache à ces gens et se sent aimé et humain pour la 1ère fois de sa vie.
Et les ouvriers du film sont de vrais ouvriers du nord: quel est le dernier metteur en scène qui a donné autant d'énergie et de confiance à ces gens qui ne sont pas des acteurs professionnel? Xavier Giannoli n'a pas perdu une occasion de leur rendre hommage.
Vous avez entièrement le droit de ne pas aimer le film, bien sur. Mais je voulais juste corriger cet élément qui ne me semble pas faire écho de la réalité du film.
Je comprend, et je ne remet pas du tout votre intégrité en doute; vous n'adorez au fond pas le film et c'est complètement votre droit. Mais il me semble que la vision du traitement que fait Giannoli des gens de la région nord n'est pas forcément ce que vous dites; il les respecte énormément. peut-être que votre vision est influencée car elle passe à travers le prisme de vos origines nordiques. Ce que je veux dire, c'est que, bien que vous y soyez sensible, je ne crois pas que, ni les critiques, ni les spectateurs, ne seront interpellés par cet aspect. Au contraire, je crois que le Nord est fier d'avoir participer au projet. On pourra de toute façon en juger par l'accueil qui sera réservé au film pour les avants-premières du Nord de la semaine prochaine (Arras, Caudry, Cambrai & Villeneuve d'Ascq les 7 & 8/11). Le temps le dira.
Cordialement,




Brice Fournier est également présent sur les petits écran dans la série Kaamelott dans le rôle de Kadoc.


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