mardi 17 novembre 2009

"The box" de Richard Kelly


Voilà 8 ans qu'on n'avait pas vu un seul film de Richard Kelly sur grand écran. Son premier film « Donnie Darko » n'avait pas conquis les foules dans les salles mais a acquis son statut de film culte avec la sortie DVD. Son second film « Southland Tales » est un échec, et pas dés moindre, avec une projection désastreuse à Cannes, une sortie bâclée au niveau national et principalement du direct-to-DVD à l'international. Le réalisateur ne rentre donc pas dans cette case de « bankable » mais grâce à sa touche personnelle et à la réussite artistique de ses œuvres il posséde un statut à Hollywood lui assurant une certaines suite pour sa carrière.

Avec « The Box » Richard Kelly tente de revenir s'imposer dans les salles et de présenter une nouvelle fois un cinéma conçut pour le divertissement avec une énorme réflexion. En adaptant la nouvelle littéraire « Button, Button » de Richard Matheson le jeune cinéaste (à peine 34 ans) démontre encore qu'il est un expert en la matière pour nous torturer le cerveau. Tout comme le texte original le film se situe à la fin des années 70 où une famille de banlieue américaine reçoit un étrange paquet contenant à l'intérieur une sorte d'interrupteur. Le lendemain ils reçoivent la visite d'un étrange homme qui leur propose (impose?) le contrat suivant : ils ont 24 heures pour appuyer sur l'interrupteur contre quoi ils recevront un millions de dollars mais une personne qu'ils ne connaissent pas décédera quelque part dans le monde.

Malgré la reconnaissance de Richard Kelly et l'énorme potentiel cinématographique de « Button, Button » « The Box » a été tout aussi compliqué à réaliser que ses précédents films et on n'est pas passé loin de ne jamais voir le film sur écran. Voilà quatre ans que rien de nouveau n'était venus de Richard Kelly et quatre ans d'attentes pour l'un des réalisateur les plus excitant de sa génération c'est extrêmement long. La sortie de « The Box » constitue donc un soulagement : soulagement parce que on pouvait craindre que la carrière du jeune cinéaste ne soit trop vite arrêté suite à cette énorme trou financier que fût « Southland Tales » et soulagement de voir que malgré cela Richard Kelly est en grande forme et réalise avec « The Box » un coup de maitre en défonçant encore plus les grandes portes d'Hollywood pour y faire une entrée triomphante. Toutefois on sent bien que ce n'est pas le même réalisateur auquel on a eu affaire dans le passé mais bien quelqu'un qui reste marqué par un échec et qui en retient les leçons. Tout d'abord celui qui était attendu comme le nouveau roi de l'indépendant au USA prend tout le monde à contre pied en décidant de produire son film chez la Warner Bros et « The Box » constitue sûrement le film le moins incompréhensible, et donc le plus abordable et rentable, film de Richard Kelly.

La plus grande particularité du cinéma de Richard Kelly et d'atteindre des sommets de complexité avec les histoires les plus simples. « Donnie Darko » partait dans une épopée spatio-temporelle sur la base d'un jeune garçon schizophrène, « Southland Tales » commençait sur la troisième guerre mondiale pour finir sur l'apocalypse. Bref, aucun de ses films n'est totalement compréhensible à la première vision et c'est à la foi ce qui fait tout le charme du film et tout son handicap. Bien que le cinéma de Kelly soit un cinéma de qualité, son style est tellement à part et peut être trop fondé sur de la -presque- masturbation intellectuel ce qui a pour effet de faire fuir ceux qui veulent simplement se divertir. Dans « The Box » Richard Kelly a bien conscience qu'il a de nouvelle responsabilité avec ses nouveaux patrons et semble avoir été enclin à plus de concession mais ce n'est pas pour autant qu'il en ressort un film consensuel. Encore une fois Kelly ne se gêne pour n'en faire qu'à sa tête et rapidement « The Box », présenté comme un thriller psychologique des plus banales par la pub, se transforme en un mélange de genre entre le thriller, la science-fiction, le polar et le film d'angoisse. A partir de ce simple bouton et du simple geste d'appuyer dessus le réalisateur, et aussi scénariste de son film, arrive à développer tout une réflexion sur la condition humaine et illustre à merveille la pensée de Sartre « l'enfer c'est les autres ». Finalement c'est souvent le thème qui revient dans l'œuvre du cinéaste, l'être humain responsable de sa propre destruction et de sa propre perte. Dans « The Box » cette idée se ressent grâce à la pression exercé sur le couple à travers le regard de leur entourage mais en même temps le pouvoir qu'ils ont grâce à la boîte font d'eux des bourreaux pouvant faire vivre l'enfer à d'autres.

En plus de partir vraiment très loin dans ces propos Richard Kelly s'amuse à ne dévoiler presque rien de l'histoire laissant au spectateur le soin d'établir lui même ses hypothèses, conclusions et interprétations. « The Box » est donc à voir plusieurs fois pour totalement cerner l'histoire et en découvrir tout les secrets. N'espérez pas non plus un jour trouver la vérité sur ce film car Richard Kelly laisse tellement de pistes différentes qu'une multiplicité d'explication sont possible et impossible de définir laquelle et la bonne.

Qui a créé cette boîte? Dans quel but? Qui l'utilise? Pourquoi ce sont eux qui l'ont reçut et pas d'autres? Toute ces questions mettront un bon bout de temps à trouver leur réponse même si on arrive chacun à se faire une petite idée. En tout cas Richard Kelly réussit à nouveaux à montrer qu'il est un grand auteur et que même si son cinéma ne plait pas à tout le monde et peut en effet se perdre dans un surplus d'intellectualisme il n'en reste pas moins un spectacle d'une intelligence supérieur aux format traditionnelle du cinéma américain.


7/10

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