vendredi 18 septembre 2009

Critique : "District 9" de Neil Blomkamp


Voilà un projet qui a tenu en haleine tout le monde du cinéma, « District 9 ». En 2005 Neil Blomkamp, un jeune réalisateur sud-africain totalement inconnu, réalise et diffuse son court-métrage « Alive in Joburg » décrivant un présent alternatif où des extra-terrestres auraient atterris en Afrique du sud et seraient incapable de repartir faisant d'eux des immigrés clandestins. Le court-métrage révélait déjà un énorme talent de la part du jeune cinéaste qui présentait son histoire sous la forme d'un reportage.

L'œuvre fait rapidement le tour de la toile et tombe dans les mains de Peter Jackson qui développait l'adaptation du jeux vidéo « Halo ». Tout de suite le réalisateur du « Seigneur des anneaux » remarque le jeune réalisateur et fait appelle à ses services pour réaliser cette adaptation. Toutefois le projet tombera à l'eau et tout ce qui ressortira de cette collaboration sera la réalisation d'une impressionnante pub de 7minutes pour le troisième opus de cette saga vidéo-ludique.

Avec l'avortement de ce projet les deux hommes sont libre pour d'autres choses et voilà comment l'adaptation de « Alive in Joburg » nommé « District 9 » voit le jour. C'est après une longue attente et une campagne marketing gérée avec brio que sort enfin « District 9 » qui est attendu par l'ensemble de la communauté cinéphile.

Résultat : « District 9 » est une réussite totale. Tout en restant dans la lignée de son court-métrage et en s'en inspirant Neil Blomkamp invente une histoire totalement inédite qui en plus se couple d'un univers étendu imposant. On sent que « District 9 » a été travaillé et retravaillé et que ce qu'on voit à l'écran n'est que la partie de quelque chose de bien plus globale qui pourrait faire l'objet de nombreuses autres adaptations.

Comme souvent dans l'exercice de l'adaptation du court-métrage il y a le risque de juste faire une version rallongée avec, pour arriver à 1h30 de film, des rajouts de scènes vides de tout intérêt (« numéro 9 » c'est à toi que je pense). Neil Blomkamp propose une forme totalement inédite avec un long-métrage en deux partie mais qui s'entrecroise constament. Une partie journalistique proche du docu-fiction qui est au croisement de ce qu'ont put faire dernière De Palma (« Redacted ») et Romero (« Diary of the dead ») en constituant presque un documentaire à part entière. C'est en passant par ce processus que Blomkamp arrive, en à peine le temps d'un générique, à expliquer 20 ans d'histoire aux spectateurs pour que celui ci soit directement impliqué dans le film et qu'il se consacre totalement à la narration. La seconde partie se rapproche plus de la fiction dans laquelle on suit l'histoire du personnage principal. « District 9 » est en quelque sorte une réinvention du cinéma-vérité que l'on a car bien que l'on soit dans la fiction tout est filmé comme un documentaire et on finis même par voire ce film entièrement comme un reportage.

L'oeuvre est surtout un grand film politique, rien n'est anodin dedans. Si les extra-terrestres sont à Johannesbourg c'est bien sûr une référence à l'apartheid et la façon dont les blancs ont traités les noirs pendant des années. Toutefois en dehors de cette métaphore plutôt facile c'est surtout le rapport entre médias et vérité qui est constamment interrogé mais aussi l'action des multi-nationales dans les situations humanitaires (ou alienitaires?). En tout cas « District 9 » délivre son message d'une façon intelligente et prenante.

Toutefois, réduire le film à cette simple dimension politique ne serait pas lui rendre justice et il constitue également un excellent divertissement qui se conclut sur un final de 30 minutes des plus explosifs. Le film est un crescendo de 2 heures pendant lesquelles on prend plaisir à voir un employé de bureau assez gauche et anti-héros se transformer malgré lui en un symbole d'opposition aux oppresseurs. On sent que Neil Blomkamp est un grand passionné de jeux vidéo ce qui confère à son film une dimension ludique constante. Les armements semble tout droit sortis de jeux tels qu'Half Life ou Unreal Tournament et les scènes d'action nous plonge vraiment dedans comme si nous avions la manette entre nos mains et que nous pouvions contrôler les choses (du moins c'est l'envie que ça donne). A l'inverse des derniers films de science-fiction sortis récemment « District 9 » ne met pas ses prouesses techniques en avant et celles ci sont constamment au service de l'histoire et pas l'inverse.

Avec un budget de 30 millions de $ « District 9 » reste un film indépendant mais qui doit beaucoup à son producteur Peter Jackson dont la boite d'effet spéciaux s'est chargée du film. Ce n'est pas une grand révolution des effets numérique et le côté un peu cheap rajoute au charme du film et même, bizarrement, à se crédibilité car rien ne semble trop gros. C'est assez exceptionnel de voir un film de science-fiction indépendant aussi réussi à tout point de vue.

Pour son premier long-métrage Neil Blomkamp réussi à s'imposer comme la nouvelle sensation du cinéma. On peut dire sans hésiter que « District 9 » va s'imposer comme un futur classique de la science-fiction. Le seul bémol c'est que le jeune réalisateur a gentiment remballé les studios d'Hollywood et se consacre à l'indé. Peut être qu'on n'aura pas de nouvelles de lui d'aussi tôt mais avec un ''mécéne'' comme Peter Jackson un brillant avenir peut tout de même lui sourire.


8/10

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