jeudi 18 juin 2009

"Lascar" de Albert Pereira Lazaro et Emmanuel Klots


Adapté d'une mini-série du même nom diffusée sur Canal+ et MCM, « Lascars » est un petit bijoux de l'animation française. Alors que la série ne compte que deux saisons, de trente épisodes d'une minute diffusé en 2000 et 2007, celle ci connait un succès immédiat créant un phénomène sans précédant où bien avant l'heure d'HADOPI les épisodes étaient diffusés en boucle sur le net. Pas nécessaire d'être un accro à la culture hip-hop ou d'être issue de la cité pour apprécier « Lascars » tellement les deux réalisateurs Albert Pereira Lazaro et Emmanuel Klots en ont fait un film à part et de qualité.


L'animation, malgré son apparence plutôt simple, crée un milieu urbain efficace qui était nécessaire au développement de l'histoire. Le mélange 2D-3D n'a sûrement jamais était aussi bien utilisé et ainsi l'image acquiert une réelle profondeur créant une sorte de jungle urbaine. Par rapport à la série les personnage ont été retravaillés et semblent plus soignés sur leurs lignes mais ce n'est pas pour autant qu'on voit une uniformisation de « Lascars » à un format d'animation plus commerciale. Les influences du tag et du graffiti sont dans chaque images faisant de « Lascar » un réel exercice de style. C'est un peu comme si tout les vilains dessins sur les murs que les pouvoirs publics essaient d'effacer prenaient vie pour enfin dire haut et fort « Nous aussi on est une forme d'art et on vous e***rde ». Dés le début du film le ton est donné et le rythme est lancé avec un générique d'introduction d'une qualité rarement atteinte et s'inscrivant totalement dans le milieu dont il est question.


Alors que le thème abordé n'est pas des plus réjouissant, l'histoire de gars qui ne peuvent pas partir en vacances, et que l'environnement dans lequel le film se déroule auraient put faire un parfait film social d'aussi bonne qualité, « Lascars » ne fait jamais dans la simple chronique sociale et constitue un vrai comédie où sur l'heure et demi que compte le film on ne cesse de rigoler. Bien sûr la plupart des gags reposent sur les clichés que l'on peut avoir de la cité mais toute la force de « Lascars » est là dedans. En reprenant ces clichés les réalisateurs ont fait en sorte de les assembler de manière à ce que ceux ci dépasse ce statut et soi finalement une partie du portrait qu'ils essayent de brosser. Jamais non plus les réalisateurs ne font dans la dénonciation ou dans l'évangélisation de la banlieue. On peut féliciter un regard qui tout en annonçant son point de vue n'est absolument pas bornés et possède une capacité d'auto dérision hors du commun.


Le film « Lascars » est également quelque chose de totalement inédit. Pas question de prendre le spectateurs pour un coup en lui resservant le vannes déjà utilisées dans la série. Seules quelques références sont faites mais cela ressemble plus à de la private-joke pour faire plaisir au fan et leur dire que l'esprit d'origine est toujours là. L'histoire, quant à elle, se tient du début à la fin et ne connait que très peu de moments de vide. Malgré la myriade de personnages et d'histoires présentes on s'y retrouve parfaitement et lorsque tout ce beau monde se rejoint finalement toutes les histoires s'imbrique avec justesse.


« Lascars » c'est le film hip-hop par excellence. Tout y est : la musique(une BO parfaite), le style graphique, les codes vestimentaires et langagiers. Que les plus réfractaires à cette culture aille tout de suite prendre une leçon de vie dans la salle de ciné la plus proche de chez eux. Pour les autres faite de même car « Lascars » est un film de qualité et depuis « La haine » c'est le meilleur film sur les banlieues qu'il nous ait été donné de voir.

7,5/10

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Powered By Blogger