mardi 12 mai 2009

"La Bande à Baader" de Uli Edel

Ce n'est pas vraiment dans mes habitudes d'écrire une critique sur un film qui n'est plus présent sur les écrans mais hier j'ai eu l'occasion de faire une sorte de séance de rattrapage pour l'excellent "La Bande à Baader" de Uli Edel sorti en novembre dernier. Je n'aime pas vraiment faire des critiques en retard car je pense qu'en dehors des sorties ciné et DVD il est important de laisser la place aux autres films mais "La bande à Baader" m'a tellement impressionné que je ne peut passer à coté.

Je ne vais pas ici faire une critique purement cinématographique car le film, tout étant un exemple à suivre pour le reste des réalisateurs, pose surtout des questions sur l'activisme politiques dans nos sociétés modernes et dans l'époque sombre que nous traversons il peut être utile de nous poser également des questions sur l'Etat, ce que l'on peut accepter de lui et de ses alliés financiers, ce qui est entre nos mains pour pouvoir lui exprimer notre mécontentement et jusque où sommes nous capables d'aller pour nous faire entendre.

Le film raconte l'histoire de la "Fraction Armée Rouge" (RAF), organisation d'extrême gauche que nous avons retenues sous le nom de "La Bande à Baader" du nom de son leader. Actif pendant les années 1970 et 1980 et d'inspiration marxiste non-léniniste le groupe a prôné la lutte armée contre un pouvoir capitaliste et impérialiste oppressif qu'il fallait renverser. Considéré par ce pouvoir comme un groupe de terroriste le RAF se présentait comme un mouvement de lutte armée. Le groupe est à l'origine de 34 assassinats, de nombreux braquages de banques ainsi que de plusieurs attentats.

Voila un sujet plus que bouillant auquel s'attaque Uli Edel . En effet malgré les 30 années qui se sont passées depuis ces événements et la décennie qui s'est déroulée depuis l'auto-dissolution du groupe les blessures restes vives en Allemagne. Le statut à accorder aux derniers membres prisonniers encore vie est encore fortement discuté. Là ou Eli Edel a réussi son coup, pas comme Jean-François Richet dans "Mesrine" toutefois tout aussi bon, c'est que tout en apportant un regard instructif et en nous mettant face à ce qui peut le plus se rapprocher de la vérité il ne porte aucun jugement et ne cherche en aucun cas à porter l'un des partis en héros que ce soit les militants ou le pouvoir en place. J'ai parlé de vérité car c'est aussi cela qui fait le film, la vérité, et une vérité souvent violente que ce soit la violence d'Etat, l'un des premières scènes du film est le matraquages d'opposant à la visite du Shah d'Iran en Allemagne par les forces de polices qui a aboutit au meurtre d'un manifestant par un officier, ou celle du groupe armé.

Bien que toute les actions du groupes, dont on a eu les cousins éloignés en France avec Action Directe, ont rapidement été discréditées par le pouvoir ou certains intellectuels, peut être un peu trop conventionnels, le RAF a quand même acquis une certains notoriété parmi la jeunesse allemande durant les années de plombs posant un sacré problème aux institutions forcées de réagir, ce que montre très bien le film. Chaque scènes de "La Bande à Baader" présentent bien deux identités refusant tout compromis et qui entretiennent un dialogue de sourd s’affrontent durant toutes ces années. D'un côté les militants du groupe pensant détenir l'ultime vérité et de l'autre un Etat ne se remettant jamais en question et dont le seul but est de maintenir son pouvoir à tout prix. Voila la morale que l'on peut trouver dans ce film. Comment dans une société démocratique face à une opposition si forte l'Etat peut il se permettre de rester sourd aux revendications et, aux contraires, fait en sorte d'étouffer la moindre opposition. Bien que le sujet traite des années 70 le débat est encore d'actualité.
En effet, l'actualité le montre bien au niveau international. Alors que nous sommes en période de crise, comme c'était le cas dans les années 70, la colère monte, les mouvements sociaux s'intensifient ,se radicalisent et gagnent la majorité de la population. Parallèlement à cela on voit que la communauté politique internationale prend de plus en plus la forme d'une nomenclature faisant ses affaires le plus loin possible du peuple. Lorsque l'on écoute plus le peuple tout ce qui lui reste à faire c'est de se révolter. Plusieurs type de révolte sont possible. Le RAF a choisit le chemin de la lutte armée comme d'autres ont choisis de s'immoler ou d'arrêter de manger. Dans le fond ce sont les dirigeants qui sont élus par le peuple et pas l'inverse donc c'est à eux d'écouter mais cette idée est bien utopique. En tout cas en France depuis quelques mois est brandit le spectre de l' "ultra-gauche" tel un fléau terroriste qui signera l'arrivé des khmers rouges dans notre beau pays des droits de l'homme, qui a tout de même réussit un néologisme avec "délit" et "solidarité", et nous entrainera tous vers la mort ou l'assouvissement à une nouvelle dictature socialiste. Si nos dirigeants veulent voir cesser ce type de violence ils ont toutes les solutions entre leurs mains, l'écoute, la concession et la satisfaction des revendications de la majorités car lorsqu'il n'y a plus rien à revendiquer c'est qu'il n'y a plus rien à contester mais cela voudrait dire que les grands de ce monde auraient, enfin, perdus leur pouvoir. En attendant lorsque on se permettra de gazé des manifestant à tout va, de matraqué la moindre contestation et d'emprisonner des gens en raison de leurs opinions toute actions contre le gouvernement est alors de la légitime défense. Toutefois le pouvoir n'est pas prêt à faire ses concessions tellement il est aveuglé par le maintien de sa position. Dans le film on voit très bien cela lorsque Horst Herold, chef de la police allemande, explique que si il y'a cette présence "terroriste" c'est qu'il y a un problème de fond à comprendre et quand tant qu'il existera, ce type d'action existera également. La seul réponse à laquelle il a le droit de la part de ses collègues sont presque des insultes l'accusant d'excuser tout cela alors qu'il est le seul à avoir les clés du problèmes en main.
Aberration suivante. Alors que l'une des critiques du RAF était l'oppression de la société les dirigeant allemand ne trouvent pas d’autres moyen que de contrôler tout les véhicules sur les routes et d'instituer une nouvelle carte d'identité électronique (EDVIGE avant l'heure?) installant ainsi une société quasi-orwellienne pour débusquer les militants. Ainsi pour démanteler un groupe n'ayant jamais dépasser les 50 membres l'Etat ne s'est pas gênés de contrôler constamment plus de 60 000 000 de personnes.

Finalement le noyau dur du groupe se fait emprisonner avec leur leader Andreas Baader et cette épisode permet à Uli Edel de réaliser des scènes peut être plus intimistes mais aussi peut être plus violente psychologiquement et de s’intéresser à la nouvelle génération du groupe un peu perdu sans leurs leader dont ils veulent suivre le même chemin. Avec la sobriété de sa mise en scène qui permet en même temps l'effet d'un coup de poing Edel présente sans hésitation la façon dont le pouvoir même lorsqu'il a capturé ses ennemis fait tout pour les détruire et ne lui laisse que la mort comme échappatoire.

Ces 2h20 de film sont un réel cours sur notre Histoire européenne contemporaine qui hélas, pour des causes de politiquement correct et de manipulations des esprits, est peu connus pour ce qui est des mouvement de contestations des années de plombs. "La Bande à Baader" est l'exemple que le cinéma est un reflet de notre société et les questionnement que l'on peut se faire par rapport à tout ces problèmes ressortent dans ces films. Ici, comme de nombreux réalisateurs, Uli Edel a choisit une démarche historique pour répondre à tout cela et par la même occasion il réalise un film incontournable.

8/10

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