dimanche 23 août 2009

"L'an O1 : des débuts difficiles" de Harold Ramis




C'est bien un point de non retour que nous avons atteint. Les anciens maitres de la comédie américaine sont en train de passer le relais aux nouveaux arrivants. Will Ferrell l'avait fait avec « Frangin malgré eux », Kevin Smith a pris Seth Rogen pour jouer dans son dernier film, et maintenant c'est au tour d'Harold Ramis, scénariste de « Ghostbuster », d'adouber la nouvelle génération de comique américain avec « L 'an 01 : des débuts difficile ». Comme à chaque fois lorsque l'on parle de cette nouvelle comédie américaine, il est impossible de ne pas parler de Judd Apatow. Ici le nouveau gourou comique endosse le rôle de scénariste et de producteur pour nous livrer cette relecture subversive de la genèse.

Aux Etats-Unis, il est toujours un peu délicat de s'attaquer à la religion de n'importe quelle façon que ce soit. Il faut être déjà assez fou là bas pour oser l'aborder d'un point de vue critique, mais en faire un comédie et rigoler de la divine parole est considérer comme l'œuvre d'un timbré, souvenez vous tout le boucan qu'il y a eu autour de « Dogma ». C'est donc avec une grande finesse que Judd Apattow a dû écrire son histoire pour ne pas choquer le grand public, qui est avant tout sa cible, et ne pas être considéré comme un détourneur de mœurs chez l'oncle Sam. Avec cette contrainte, il est difficile d'imaginer une comédie qui puisse se démarquer du reste grâce à son audace qui est un peu la marque de fabrique de l'écurie Apatow.

Pour l'une des toutes premières fois l'un des films de cette nouvelle génération de comiques tombe dans un politiquement correct détestable aussi provocant qu'un curé. Jusque là les films de cette ''nouvelle comédie américaine'' se démarquaient grâce à une impressionnante capacité à réutiliser les mêmes thèmes qu'auparavant mais avec une écriture bien plus fine et une approche bien moins puérile. En effet, tout comme dans « American Pie », les films Apatowien (en voilà un joli nouvel adjectif) parlaient bien sûr de masturbation, d'alcool, de drogues, de rapports sexuels et de fêtes, bref tout ce qui fait la vie d'un ado d'aujourd'hui, mais, à l'inverse d'American pie and co. Cela était fait avec tendresse et sans présenter ceci comme un acte d'attardé. Depuis les années 2000, où ce tout nouveau genre de comédie est apparue, on sentait réellement une énorme évolution au niveau de la maturité de l'écriture et de la réflexion faite autour. Avec « L'an 01 : des débuts difficiles » c'est un bon d'une décennie en arrière que fait la comédie américaine.

Dans sa première partie le film se contente de faire un remake de scènes de la genèse en y intégrant tout simplement deux nouveaux personnages qui vont un peu chambouler l'histoire telle que nous la connaissons. Ces deux énergumènes, Zed( Jack Black) et Oh(Michael Cerra), respectivement les plus mauvais chasseurs et cueilleurs de leur tribu, sont bannis de ladite tribu et partent dans un voyage qui les situera au cœur de l'ancien testament. Toute cette histoire autour de la religion fait bien sûr penser au grand « Brian's life » des géniaux Monty Python, mais ici votre conception de la religion n'en sera en aucun cas changée. Quand on se contente de parodier un fait historique de cette ampleur en y ajoutant simplement deux personnages qui en dehors de la bouffe et du sexe n'ont rien d'autre en tête il faut s'attendre à courir droit dans le mur.

Tout ce manque de finesse se retrouve aussi dans le jeu des acteurs principaux. Les deux n'ont plus à prouver leur talent de comique, mais leur présence dans ce film prouve que rien n'ait jamais acquis. Jack Black se contente d'endosser le rôle d'un gros balourd aussi raffiné qu'une orgie romaine, et Michael Cerra endosse encore une fois le rôle de l'ado mal dans ses pompes et qui ne sait pas comment conclure avec la vie de ses rêves. Les deux sont de très bon acteurs, mais il ne suffit pas de mettre une perruque pour faire penser à un homme préhistorique car, à ce moment là, on devient plus ridicule qu'autre chose.

Après un long road-trip d'environ quarante cinq minutes, le film s'installe dans la cité de Sodome. Comme si le scénariste venait de comprendre que son film n'avait aucune histoire et aucun potentiel comique, une espèce d'intrigue est soudainement mise en place mais trop tard le mal est déjà fait. Ce n'est pas en dix minutes qu'on sort le spectateur d'un ennui mortel pour la seconde partie du film.

« L'an 01 » est ce qu'on peut appeler sans hésitation un ratage complet. Mauvais scénario, montage totalement nul et saccadé, acteurs qui livrent le minimum syndical, des blagues même pas drôles pompées sur un nombre considérable de films et une réalisation qui laisse plus qu'a désirer. Espérons seulement que « L 'an 01 : des débuts difficiles » soit juste une erreur de parcours car l'écurie Apatow vient de réaliser l'un de ses premiers faux pas. En attendant de voir ce que l'équipe nous réserve pour la suite enfilons-nous tous les dvd de « Brian's life », « Rrrrrrr! » et « Les visiteurs », on nous racontera la même chose mais au moins on rigolera bien. bien.


3/10

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Powered By Blogger