samedi 1 août 2009

"Joueuse" de Caroline Bottaro


Réussir à construire un film sur le simple postulat d'une femme de ménage, pas vraiment bien dans son couple, qui ne s'épanouit qu'une fois qu'elle découvre les échecs, voici le pari de « Joueuse ». Pari qui semble tout de même difficile à tenir tellement l'idée de départ semble dégouliner de bon sentiments et est propice aux plus ennuyeux des films. Toutefois, pour son premier long-métrage, Caroline Bottaro a su s'entourer de beau monde donnant ainsi un peu plus d'intérêt à son film. Tout d'abord on y retrouve Sandrine Bonnaire dans le rôle de cette femme de ménage. La plus grande surprise du film est de retrouver Kelvin Kline qui donne la réplique, et en français s'il vous plait, à Sandrine Bonnaire. Ainsi, avec ces deux noms en haut de l'affiches, « Joueuse » montre un potentiel assez étonnant qui peut finalement déboucher sur une très bonne surprise..

Dès le début de son film, la réalisatrice montre une impressionnante capacité à transmettre les émotions de ses personnages. Dès les premières minutes du film, la découverte des échecs par Hélène (Sandrine Bonnaire) est divulguée à travers une magnifique scène qui montre un couple de touristes jouant à ce jeu tandis que notre femme de ménage nettoie leur chambre. A travers cette simple scène de la vie quotidienne, Caroline Bottaro arrive à créer un vrai moment de sensualité et d'une rare intensité. C'est en voyant cela, et le lien que crée le jeu dans le couple, qu'Hélène décide de s'intéresser aux échecs pour partager à nouveau quelque chose avec son mari. Finalement, sa tentative de recréer le modèle du couple parfait qu'elle a vu échoue, et c'est chez un des ses riches employeurs, le docteur Kröger (Kelvin Kline), qu'elle se réfugie pour jouer aux échecs.

Avec « Joueuse » Caroline Bottaro arrive à faire quelque chose d'assez rare. Elle parvient à installer dans relations entre les personnages uniquement grâce à de simples parties d'échecs. La relation d'Hélène et du docteur est dès plus intéressantes. Tout au long du film, on sent l'ambiguïté et une certaine tension sexuelle entre eux et ceci constamment à travers le jeu. Hélène, qui n'arrive pas à trouver un moyen de partager sa passion avec son mari, se rapproche de plus en plus de son employeur jusqu'à provoquer certains soupçons dans leur entourage.

Avec une trame scénaristique de cette densité, il est difficile d'éviter les pièges du genre mais, étonnamment, toute la première partie du film le fait avec brio et montre quelque chose d'inédit tout en évitant les clichés. Hélas, ce n'est que le première partie du film qui est de cet acabit. « Joueuse » est, en réalité, plein de bonnes idées. Parfois, le film tend vers la comédie sociale et à d'autres moments vers le drame psychologique. C'est un film qui contient énormément de choses et qui, pour être abouti, aurait eu besoin de quelqu'un qui eût la carrure nécessaire...

Caroline Bottaro, dont c'est le premier film, semble avoir de toutes petites épaules pour soutenir le projet et s'écrase complètement au terme de la première heure. Alors que, jusque là, le film se montrait assez innovant dans sa façon de raconter une histoire aussi banale que celle-ci, la réalisatrice lâche complètement prise et tombe dans une facilité déconcertante. « Joueuse » devient alors un espèce de concentré des pires stéréotypes que l'on peut attendre d'un téléfilm france 3 ou d'un épisode de « Plus belle la vie ». Tout le côté social du film est balancé par la fenêtre et la psychologie d'Hélèné, qui devenait de plus en plus intéressante, se résume alors à : ''Elle va se le taper ou pas le docteur maintenant ?''. Tout ce que la réalisatrice avait su construire jusque là est complètement anéanti par ce qu'on peut redouter le plus dans le cinéma français. On a toujours cet étalement de bons sentiments qui pue le happy-end à plein nez. La relation entre Hélène et le docteur Kröger perd tout de son intensité, et la scène du tournoi d'échecs représente le pire de ce que l'on aurait pu attendre. Passez ce cap, le film sombre alors dans un ennui mortel, pas parce que celui ci est mal réalisé ou incompréhensible, simplement parce que, encore une fois, on nous sert la même soupe que l'on boit déjà depuis des années !

Finalement « Joueuse » se conclut sur une morale vaseuse : ''quand on prend des risque, on peut perdre, mais quand on en prend pas, on perd toujours''. La phrase est joliment construite mais, au niveau réflexion, on est plus proche de la philosophie de comptoir que d'autre chose.



4/10


(sortie le 5 août)

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