samedi 18 juillet 2009

"The reader" de Stephen Daldry


Voilà le très attendu « The reader » de Stephen Daldry (« Billy Elliot ») qui a permis à Kate Winslet d'enfin obtenir l'Oscar de la meilleur actrice. Sorti il y a plus de six mois aux États-Unis, le film commençait à se faire plus que désirer dans notre pays. Adapté du best-seller allemand du même nom (Der Vorleser en langue originale) le film se déroule sur trois époques différentes, mais contrairement au livre, Stephen Daldry a décidé d'une narration non-linéaire entraînant de nombreux flash-back. Cette forme pouvant se montrer déstabilisante se voit assurée par un très bon casting excellent et une mise en place du film qui permet rapidement de comprendre que le jeune garçon cité ci-dessus, et interprété par David Kross, est la même personne que l'homme d'une cinquantaine d'année, joué par Ralph Fiennes brillant de sobriété. Ce Michael Berg, vrai personnage central de l'histoire, rencontre Hannah Shmitz, joué par l'excellente Kate Winslet, qui a le double de son âge, mais avec laquelle il entretiendra une relation le temps d'un été. Malgré cette relation idyllique entre les deux personnages, on ressent bien qu'Hannah Shmitz cache un secret lourd à porter. Ce n'est que 8 ans plus tard, alors que Michael est étudiant en droit et assiste à un des procès nazis, qu'il découvre le secret d'Hannah.

Le livre de Bernhard Schlink avait rencontré un énorme succès en Allemagne car celui ci constituait l'une des plus grandes œuvres sur le travail et le devoir de mémoire auxquels devaient faire face la population allemande. Dans cette réflexion s'intégrait également celle sur la façon de juger les crimes nazis et selon quels critères. Le film de Stephen Daldry reprend cette réflexion et c'est lors des moments où l'on voit Michael étudiant en droit que la plupart de ces questions sont posées. Selon quoi nos sociétés sont-elles régies ? Comment jugé équitablement des crimes perpétrés vingt ans auparavant où la législation était différente ? Mais surtout comment faire face à un passé que l'on a pas pu ou voulu contrôler ?

En plus de tout cela, Daldry remet au goût du jour la grande question qui a traversé toute l'histoire du cinéma : comment filmer l'ennemi ? En effet, même si lors des premières séquences Kate Winslet donne à son personnage un caractère assez détestable et froid, rapidement son visage humain se découvre et l'on s'y attache bien plus facilement. C'est lorsque qu'on la retrouve sur les bancs des accusés nazis qu'on ressent la même surprise que Michael. Tout comme Michael nous avons vécu une relation, très bien mise en place par le réalisateur, avec ce personnage, et on peut difficilement l'imaginer prendre part à de tels actes. Ainsi, Stephen Daldry arrive justement à ne pas diaboliser l'ennemi d'une façon simpliste, mais ce n'est pas pour autant qu'il nous le présente comme s'il avait été pardonné de tout et qu'on ne devrait plus le condamner. Stephen Daldry a donc réussi à garder l'essence du bouquin ce qui permet de présenter cette réflexion sous un autre angle et d'un point de vue peut être plus international.

Toutefois, malgré toutes ces louanges « The Reader » n'est pas non plus un chef d'œuvre absolu. A force de trop vouloir éviter les pièges du pathos et du syndrôme qui fait pleurer dans les chaumières, tout le film semble être sur un ton de retenu, les acteurs en premier. Seul David Kross se lâche vraiment dans son personnage grâce à sa jeunesse, mais Ralph Fiennes se montre bien simple, ce n'est que lors d'une ultime scène qu'on le voit vraiment livrer tout son potentiel en émotion, et bien que Kate Winslet ait gagnée la statuette dorée pour son rôle on l'a déjà vu bien plus prenante dans d'autres interprétations (« Little Children », « Les noces rebelles », « Eternal sunshine on a spotless mind ». Tout cela s'accompagne d'une mise en scène bien maitrisé, mais qui fait également dans la retenue et la simplicité.

« The reader » demeure tout de même un très bon film bien mené qu'on peut facilement classé dans la catégorie de ''film à oscar'' dû à un certain classicisme qui ne manquera pas de convaincre la majorité de ses spectateurs.


7,5/10

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Powered By Blogger