vendredi 3 juillet 2009

"Jeux de pouvoir" de Kevin Macdonald


Adapté d'une série télé du même nom totalisant 6 heures d'histoires le principal défi à relever pour « Jeux de pouvoir » était de recréer la même tension, le même rythme et la même intrigue que dans la série original. Il a fallut alors pour Kevin Macdonald compresser ces six heures en deux heures de film sans perdre l'essence de l'objet premier. Au final le pari est plutôt réussi et « Jeux de Pouvoir », qui sans être le thriller de l'année, arrive à tenir les spectateur en haleine de bout en bout.


Pour un thriller « Jeux de pouvoir » n'est pourtant pas si original et quelque peu prévisible. L'histoire commence sur un un simple meurtre dans la rue sur lequel va enquêter le journaliste Cal MacCaffrey, joué par Russel Crowe, mais qui va vite se retrouver mêler à un scandale politique impliquant l'ami député de ce dernier, Stephen Collins, interprété par Ben Affleck, qui mène une enquête sur un lobby militaire.


Si ce n'est ni pour son originalité, ni pour son casting (ici deux grands acteurs mais qui livrent le minimum syndical) c'est surtout pour le travail de documentation qu'il faut voir « Jeux de Pouvoir ». Sur 13 films « Jeux de Pouvoir » n'est que la troisième fiction de Kevin Macdonald et la première qui ne soit pas adaptée de faits réels. Avec son expérience de documentariste le réalisateur a le réflexe de travailler sur la base d'un long travail préparatoire pour créer des environnements les plus crédibles possibles. Comme son personnage principal, Kevin Macdonald cherche la vérité et travail pour faire en sorte qu'elle se découvre. Cela se traduit surtout dans la représentation du journalisme où les ficelles du métier sont décrites avec précision et où les enjeux du journalisme aujourd'hui sont présentés. Grâce à tout ce travail le réalisateur arrive à construire une réflexion qui se tient et qui pose les bonnes questions : quelles sont les liens que peuvent se permettre d'entretenir politique et journalistes? A l'heure de l'internet, de la productivité et du profit le journalisme d'investigation long et onéreux est il toujours au goût du jour? Jusque où les prises de position politiques et les actes qui en découlent peuvent aller?

Toutes ces questions font de « Jeux de Pouvoir » un film haletant qui ne connait aucune baisse de régime et ce n'est que dans la scène finale que les dernières pièces du puzzle se mettent en place et que le scénario est le résultat d'un travail d'écriture de grande qualité.


Bien sûr comme tout adaptation de série « Jeux de Pouvoir » subit les même difficultés que tout le reste des films qui se sont essayés à l'exercice : moins de temps pour présenter l'histoire, l'obligation de coller à un modèle d'origine, un esprit à respecter. Ici Kevin Macdonald s'en sort plutôt bien même si on sent que certains éléments aurait put être approfondit comme tout simplement la relation entre Russel Crowe et Ben Affleck qui sont présenté comme les meilleurs amis du monde mais qui à l'écran sont aussi complice qu'un banquier et son client. Pareil pour la relation entre Russel Crowe et sa jeune collègue qui sent le sexe tout au long du film mais qui est rapidement mis au second plan. Tout ses petits détails permettent à « Jeux de Pouvoir » de contenir l'essentiel de la série mais l'empêche d'avoir ce petit plus qui aurait fait de celui-ci un grand film. Finalement, pour les novices le film sera sympathique sans plus mais ne donnera pas forcément envie de se tourner vers la série (d'ailleurs la plupart n'ont même pas conscience qu'ils voient une adaptation) et pour les aficionados de « State of play » (nom original de la série) c'est l'occasion de profiter d'une autre interprétation de l'histoire sans qu'il y ait pour autant de nouveaux éléments qui soit apportés à celle ci.


« Jeux de Pouvoir » correspond bien au genre de film qu'on peut attendre dans nos salles en ce début d'été. Pas de grandes surprise mais un très grand divertissement. Kevin Macdonald montre à plusieurs reprise que c'est un très bon réalisateur autant à l'aise dans la fiction que dans le documentaire et si pour lui l'exercice d'une fiction totale est nouveau vu le résultat on peut attendre de très bon films pour les prochaine fois où il se penchera de nouveau la dessus. Toutes proportions gardées et avec chacun sa propre méthode le monsieur se rapproche de plus en plus des cinéastes comme Paul Greengrass ou Michael Winterbottom


7/10


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