samedi 11 juillet 2009

"Girlfriend experience" de Steven Soderbergh



Steven Soderbergh est décidément un cas unique dans le monde hollywoodien. Il est sûrement l'un des seul grands réalisateurs aujourd'hui qui ne se fait pas manipuler par la machine des studios et du business mais qui la manipule à son avantage. Alternant constamment entre film de studio et film plus intimistes celui ci n'hésite pas non plus à imposer sa vision même lorsque de gros sommes sont en jeux, dernier exemple en date son impressionnant et étonnant diptyque sur le che sortie cette année.


De temps en temps, comme pour s'éloigner le plus loin possible des effets néfastes de l'industrie, Soderbergh livre des films bien plus modeste d'un point de vue budgétaire mais peut-être bien plus intéressant artistiquement et intellectuellement que nombreux autres films. Ainsi en 2006, après avoir réalisé « Ocean's Twelve » Soderbergh sort l'ovni intitulé « Bubble ». Le film indépendant américain type s'intéressant à ce qui ne reluit pas, bien loin du rêve hollywoodien.


Tel un stakhanoviste dopé au red bull Soderbergh sort son troisième film de l'année avec « Girlfriend experience », ne vous inquiétez pas le quatrième arrive d'ici trois mois. Le réalisateur revient à ce qu'il a put faire avec « Bubble ». L'histoire de « Girlfriend experience » se situe à New-York et s'intéresse à Chelsea une call-girl de luxe qui propose à des clients fortunés d'être leur petite amie pour un soir en échange de la modeste somme de 2000$ par heure. En pleine crise financière et campagne électorale américaine Chelsea est aussi là pour écouter tout ces business-men se plaindre de leurs affaires qui ne fonctionnent pas.


Alors que « Bubble » portait un regard sur la précarité qui est la conséquence de la mise en concurrence constante entre les individus « Girlfriend Experience » se situe de l'autre côté du décor et regarde cette fois ceux qui entrainent cette précarité. Cerise sur le gâteau pour Soderbergh, alors que le film avait déjà été écrit la crise financière arrive et la ville de New-York est en pleine catastrophe donnant ainsi à « Girlfriend experience » une qualité de documentaire sur l'époque.


En prenant place dans les lofts new-yorkais, les magasins de marques et les beaux restaurants le film dégage une ambiance de luxe et de beauté mais qui finalement n'est que vanité. L'actrice porno Sasha Grey qui endosse le rôle de Chelsea fait participe à cette effet. La jeune fille a un physique plus qu'envoutant mais qui se montre d'un nature glaciale comme le monde qui l'entoure. Ce n'est que lorsqu'elle tombe amoureuse de l'un de ses clients qu'elle montre son vrai visage particulièrement émouvant et nous fait découvrir le côté factice des relations. Le monde qu'elle s'est créée n'est également qu'un trompe l'œil car sous ses airs de fille raffinée elle n'est aux yeux de ses clients qu'un prostitué de luxe qui n'a que son physique à vendre faisant d'elle une sorte de prolétaire moderne.


La liberté artistique qu'a put s'octroyer Soderbergh se ressent tout au long du film. Celui ci est particulièrement découpé avec un rythme non-linéaire et près de trois lignes narratives différentes possédant chacune leur propre identité photographique. Soderbergh chamboule les formats, ce qui peut sembler déstabilisant au départ, mais arrive à construire un film captivant alors que l'histoire de départ ne s'y prêtait pas forcément.


« Girlfriend experience » a bien sûr son côté contemplatif que certains s'empresseront de qualifier de « film lent » mais il montre tout le talent de son réalisateur qui prouve que pour un budget 200 fois moins important que les films sortant en cette période on peut réaliser une oeuvre bien plus intéressante d'un point de vue visuel et narratif.


8/10

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Powered By Blogger