vendredi 12 juin 2009

"Les beaux gosses" de Riad Sattouf


Riad Sattouf, auteur du personnage de BD Pascal Brutal et des très bonnes chroniques « La vie secrète des jeunes » publiées dans Charlie Hebdo, a dans ses bandes-dessinés la capacité d'observer le quotidien pour en faire ressortir ce qu'il a de comique sans pour autant en faire une caricature et en utilisant presque un regard sociologique. Le passage à un nouveau format aurait put lui faire perdre tout ses moyens mais ce n'est absolument pas le cas. Riad Sattouf a autant d'aisance à nous faire rire que ce soit avec une BD ou un film.

Présenté à la quinzaine des réalisateurs à Cannes « Les beaux gosses » risque fort de s'imposer comme la comédie française de l'été et pour une fois c'est une comédie française ingénieuse et de qualité que nous avons là.

Alors que jusqu'ici le moindre film pour ados français n'était qu'une énième copie de « La Boum », dernier en date « LOL » de Liza Asuelos, « Les Beaux Gosses » apporte quelque chose de nouveau. L'adolescence n'y est plus décrite de façon niaise et fantasmé ou tout le monde est beaux et propre. Ici les adolescents ont de l'acné comme les vrais ados, ils parlent comme les vrais ados, ils se masturbent comme les vrais ados, et comme les vrais ados se sont des pieds en ce qui concerne les filles. En mettant en place ce duo de d'amis qui est tout le contraire du titre du film Riad Sattouf suit en quelque sorte la mode américaine de mettre ceux qui était relégué au statut de looser face à la caméra. Ce n'est pas pour autant que ceux ci deviennent des apollons, ils restent eux même et Riad Sattouf nous présente peut être ce qui est à ce jour le film d'ados le plus véridique et honnête quant au quotidien de ses personnages principaux. Tout y est : la mère lourde qui refuse de voir son fils grandir, les garçons qui s'emballent juste parce que une fille leur a parlé gentiment, les fautes de goût vestimentaires (qui peut se vanter d'avoir bien été habillé au collège?), les premières expériences. Bref tout ce qui fait de cette période de la vie quelque chose d'assez étrange.

La palette de personnages que choisit le réalisateur contribue également à cela car c'est également différentes catégories sociales qui sont observées. Hervé, le personnage principale, issue des barres HLM fricote avec Aurore qui sort des beaux quartiers et tout de suite la différences est visible lorsque l'un arrive chez l'autre. On retrouve bien sur la belle grande gueule de la classe, martyrisant nos personnages principaux, qui est suivi par ce qui pourrait être des pom-pom girls si on en avait en France.

C'est un portrait à la fois émouvant et comique de l'adolescence française d'aujourd'hui que nous fait Riad Sattouf qui n'est jamais parasité par la nostalgie de sa propre adolescence. Son regard n'est à aucun moment jugeur et ile ne prend jamais ses personnage de haut. D'ailleurs la caméra du réalisateur n'est à aucun moment au dessus de la tête de ces ados et elle se trouve toujours proches d'eux.

Riad Sattouf réussit à merveille son passage de la planche de BD à l'écran et mis à part les dernières dix minutes du film qui tournent un peu en rond et une dernière scène un peu bâclé, comme si le réalisateur n'avait jamais appris à écrire une conclusion de dissertation, « Les beaux gosses » est une vraie réussite. On pourrait presque dire que quand les élèves d' « Entre les murs » sortent des murs c'est là que commencent « Les beaux gosses ».

7,5/10

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