lundi 6 avril 2009

"Synecdoche, New-York" de Charlie Kaufman


"Synecdoche, New-York" premier film de Charlie Kaufman, scénariste attitré des deux allumés Michel Gondry ("Eternal sunshine on a spotless mind") et Spike Jonze ("Dans la peau de John Malkovitch"), correspond bien au type de scénario auquel on pouvait s'attendre ce qui peut sembler rassurant. Caden Cotard est un metteur en scène en mal d'inspiration dont la vie dont la vie commence à dérailler. Sa femme le quitte en emmenant sa fille, une maladie étrange le touche sans qu'on en trouve la cause ni le remède et il est tiraillé entre ses différentes conquêtes féminines. L'obtention d'une prestigieuse bourse va lui permettre de monter un spectacle ambitieux où il entreprend de monter un pièce retranscrivant la réalité dans sa totalité, rien que ça.

Comme ses deux acolytes Michel Gondry et Spike Jonze, cités précédemment, Charlie Kaufman fait preuve d'une imagination débordante installant ainsi à l'écran un réel OVNI cinématographique. Le film est une énorme mis en abyme entre la réalité et la pièce qu'essaye de monter le personnage principale. Toutefois malgré le génie imaginatif et le milliers d'idées par seconde qui passe dans la tête de Charlie Kaufman celui-ci n'arrive pas à structurer son propos et égare le spectateur dans de trop nombreuses métaphores poétiques que surement lui seul arrive à comprendre dans son intégralité. A force de s'amuser avec sa philosophie sur la condition de l'artiste, et le monde que celui ci essaye de construire, le réalisateur délaisse sa trame narrative qui devient inintéressante et dont on ne veut même pas voir l'aboutissement. Tout au long du film différentes intrigues arrivent et les premières qui semblaient importantes, comme cette histoire de maladie mystérieuse, sont abandonnées et jetées aux oubliettes sans aucunes explications, au profits d'autres intrigues semblants secondaires. Tout comme le film le spectateur est alors complètement déboussolé et se demande si il était alors utile d'autant se concentrer, car il en faut de la concentration pour cerner "Synecdoche, New-York",pour comprendre cette histoire ou est ce que finalement tellement le propos est brouillon cela vaut-il la peine de s'attarder dessus? Jamais ces arrivées intempestives d'intrigues ne cesse tout au long du film et sur 2h on a encore des éléments nécessaire à la compréhension du personnage tombant du ciel qui arrive au bout de 1h30. Si ces sujets avaient étés abordés avant on y aurait fait attention mais le ras-le-bol nous envahit et on a même plus le courage d'y prêter attention. De toute façon ces éléments seront abandonnés par le réalisateur qui semblent ici plus s'intéresser à prouver son hypothétique virtuosité plutôt que de construire une véritable histoire.

Le déroulement de l'histoire est également handicapé par un montage catastrophiques qui peut nous faire passer plusieurs dizaine d'années en une seconde et se pose de longs moments sur des événements pas si important que ça. Même pas un seul effet de montages pour nous faire comprendre ses ellipses qui deviennent alors incompréhensible et cassent tout le rythme du film. De plus, avec cette mise en abyme le fiction de la pièce de théâtre prend souvent le dessus sur la réalité de l'histoire ce qui nous égare encore plus. Plusieurs scènes ont même le droit aux deux versions, celle du film et celle de la pièce, c'est presque de la torture de la part de Kaufman. Certes d'autres réalisateurs ont joué avec ces procédés bien avant et ont réussit mais cela a été fait avec finesse et un réel discours derrière, ici il n'en est rien. Kaufman se prend pour un génie mais arrive avec ses grosses bottines et est aussi gracieux qu'une gymnaste obèse.

C'est peut être Philip Seymour Hoffman, qui interprète le rôle principal, qui sauve le film de la catastrophe et lui donne un certains intérêt. Son talent d'acteur n'est plus à remettre en cause et heureusement qu'il était là.

"Synecdoche, New-York" est donc une énorme déception. Plein de bonnes idées pas assez exploitées et pleins de mauvaises idées trop exploitées. Charlie Kaufman, qui est pourtant un grand scénariste, n'arrive pas à faire passer ces idées du papier à l'écran et le propos du film sur le narcissisme et le nombrilisme des artistes voulant créer leurs vies comme ils créent leurs œuvre ne fait qu'ouvrir les portes déjà ouverte. Le film est plein de bonnes choses mais hélas handicapées par tout le reste, c'est dommage. Finalement on se dira que Kaufman, tout comme son personnage principal, s'est fait dépasser par l'ambition de son projet et s'y emmêle les pinceaux.


4/10

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