jeudi 26 mars 2009

Duplicity de Tom Gilroy


Prenons Tony Gilroy, scénariste de la trilogie "Jason Bourne" et réalisateur de "Micheal Clayton", Clive Owen et Julia Roberts, mélangeons tout ça et nous obtenons "Duplicity". Claire et Ray sont respectivement ex-agent de la CIA et du MI-6 reconvertis dans l'espionnage industriel pour des entreprises cosmétiques. Ces deux là s'étaient déjà rencontrés cinq ans auparavant lors d'une mission et aujourd'hui ils se retrouvent à nouveaux en travaillant tout les deux pour la même entreprise. Mais est ce vraiment un hasard qu'ils aient tout d'un coup le même patron et ne sont-ils pas plus que de simples collègues?
"Duplicity" est un espèce de "Mr et Mme Smith" à la sauce espionnage industriel en moins délirant. Le film entier repose sur les épaules de son duo d'acteur qui tente tant bien que mal de donner un intérêt à ce film. Toutefois on voit plus Clive Owen et Julia Roberts que leurs personnages. En effet il est toujours dure de se détacher de l'image médiatique que nous avons des acteurs mais dans "Duplicity" aucun membre du casting ne nous y aide. Clive Owen fait du Clive Owen, avec son côté mâle sûre de lui gonflé au testostérone, et Julia Roberts est toujours Julia Roberts, avec un rôle de femme un peu manipulatrice et également sûre d'elle même. De plus le même duo d'acteur était déjà réunit dans "Closer" de Mick Nichols ce qui nous aide encore moins à nous détacher de l'image que nous avons d'eux.
Le film se construit tout autour de l'histoire de ce couple d'espion essayant de concilier leur profession et leurs envies personnelles. A de nombreuses reprises Tony Gilroy s'amuse avec des flashs-backs pour nous raconter l'histoire de ce couple en parallèle avec la mission qu'il réalise. Au lieu de nous attacher au couple et à son histoire par ce procédé Tony Gilroy ne fait que nous détacher du film et de son déroulement. En effet après chaque flash-back il faut au moins quelques bonne minutes pour comprendre à quel moment nous sommes et se souvenir à quoi cela correspond dans l'histoire avant que ces flashs-backs intempestifs ne soit venues nous gêner. Ainsi tout au long du film le spectateur se perd à chacune de ces séquences et l'histoire installée entre les deux espions est des plus bancales et se démarque par un manque flagrant d'originalité. Toute leur vie de couple se résume à savoir si l'un manipule l'autre à des fins professionnel et pour installer un semblant de discours et de pensé Gilroy essaye d'étendre cette paranoïa à l'ensemble des couples sur cette planète. On arrive presque au niveau de la psychologie de cuisine frôlant avec la démagogie.
Il est également difficile de regarder "Duplicity" du bon œil. En effet, on ne sait pas trop si c'est une comédie ou un film d'espionnage. Comédie car à de nombreuses reprises on comprend que Gilroy essaye de nous faire rire mais en vain. Presque chaque vanne du film est suivit d'un long silence dans la salle. Cela se traduit essentiellement par le personnage joué par Paul Giamatti qui doit représenter un patron quelque peu exubérant et qui devrait nous faire rire. Tout au long du film ce personnage et de plus en plus insupportable par son attitude et son manque de charisme. De nombreuses situations laissent à croire qu'il faut rigoler mais c'est joué avec tellement peu de décalage qu'on ne sait pas trop et finalement on se demande si ce n'est pas tout simplement le scénario qui n'est pas un peu ridicule. En tout cas ce qui est sûre c'est qu'à aucun moment le rythme des films d'espionnages, caractérisé par un suspense plus que présent nous accrochant jusqu'au bout, ne se met en place dans "Duplicity"
"Duplicity" se conclut sur une espèce de fin ou l'on répond à l'accroche du film,"qui manipule qui?", pour dire que tout le monde manipule tout le monde dans l'espionnage et faire un espèce de procès "tout le monde vs. tout le monde". Il a fallut deux longues heures pour arriver à cette conclusion qui ne fait que défoncer les portes déjà ouvertes et que l'on à tous devinés. Après un "Micheal Clayton", également sur l'espionnage industrielle, qui n'a pas non plus fait l'unanimité Tony Gilroy devrait laisser tomber la caméra et reprendre du papier et un stylo pour récupérer la place qui est la sienne, celle de scénariste.

4/10

Critique également disponible sur le quotidien du cinéma

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